« Cela n’aurait jamais dû arriver, je suis désolée, lance Stéphanie devant la cour d’Assises de l’Oise. J’aimerais bien qu’il revienne. » C’est avec ces mots lourds de sens que s’est clôturé, ce jeudi 20 novembre, le deuxième et dernier jour du procès de Stéphanie C. Cette quinquagénaire était jugée pour avoir tué Christian, son compagnon, d’un coup de fourchette à barbecue dans le cœur, survenu à Grandvilliers en mars 2022. Son acte a suscité une onde de choc tant par sa brutalité que par le contexte tragique qui l’entourait.
EN BREF
- Stéphanie C. condamnée à 19 ans de prison pour avoir tué son compagnon.
- Des témoignages poignants révèlent les violences subies par la victime.
- Le tribunal souligne la responsabilité de l’accusée malgré son état d'ébriété.
Lors de cette audience, le cœur de l’affaire a été mis en lumière par le récit poignant de la fille de la victime. Alors qu’elle témoignait, elle a évoqué le calvaire vécu par son père pendant une décennie. Sa déclaration a été bouleversante, rapportant des détails sordides, tel que le fait que la femme qu’il aimait tant « le réveillait parfois en lui urinant dessus ». Ces témoignages révèlent une réalité tragique, emprunte de violence et de désespoir.
Lors de son interrogatoire, l'assistance s'interrogeait sur la attitude de Stéphanie C. Face aux faits qui lui étaient reprochés, elle a choisi de maintenir sa position, affirmant ne pas se souvenir des événements. Ce comportement a semblé troublant aux yeux des jurés, alors que le contexte de l'affaire était déjà chargé d'émotions.
« C'est un meurtre »
Me Arnaud Ledru, l’avocat de la fille de la victime, n’a pas manqué de faire part de son indignation face à l’attitude de l’accusée. « Elle n’a jamais avoué, jamais regretté », a-t-il déploré. Pendant le témoignage de sa cliente, qui était visible bouleversée, il a souligné le fait qu'il n’y avait « aucune émotion » de la part de Stéphanie C. L’avocat a mis en exergue la violence du coup porté, soulignant que la fourchette avait pénétré entre 6 et 7 centimètres dans le corps de Christian.
Malgré une tentative de la défense d’attribuer la tragédie à des circonstances atténuantes, l’avocat général a estimé que le fait de porter un coup mortel après une dispute représentait un meurtre. « Elle est responsable », a-t-il asséné, en attirant l’attention sur les blessures causées : une plaie mortelle au thorax et une plaie de défense au front.
Un autre aspect préoccupant a été la consommation excessive d’alcool de l’accusée. Avec 12 canettes de bière à 10 degrés ingurgitées le jour des faits, l’avocat général a exprimé son scepticisme quant à la mémoire défaillante de Stéphanie C. « Je suis dubitatif », a-t-il déclaré, en ajoutant que les experts avaient confirmé l’absence de coma éthylique. Ces éléments jettent une ombre sur l'argument de l'amnésie avancé par la défense.
Au-delà des faits, Me Ledru a critiqué le rapport particulier de Stéphanie C. avec la vérité. « Elle prétend être enceinte, puis atteinte d’hépatite C. À l’écouter, c’est elle qui est la victime, elle qui n’a pas eu de chance », a-t-il observé. Ce déplacement de la responsabilité a suscité des interrogations sur son état d’esprit.
L’avocat général, lors de son plaidoyer, a requis une peine de 15 ans de prison, demandant aux jurés de « sanctionner sans excès mais sans faiblesse ». En soulignant la dangerosité de l’accusée, la cour d’Assises a jugé nécessaire d’imposer une peine plus lourde. Finalement, Stéphanie C. a été condamnée à 19 ans d’emprisonnement et a été reconduite en prison, témoignant des lourdes conséquences de son acte.