Home ActusEconomie L’Europe se couche face aux Etats-Unis « Imaginez le chaos d’une guerre commerciale avec Trump »

L’Europe se couche face aux Etats-Unis « Imaginez le chaos d’une guerre commerciale avec Trump »

by adminstephane
ursula vonderlayen

Ursula von der Leyen n’en démord pas : son deal commercial avec Donald Trump est une victoire pour l’Europe, malgré les cris d’humiliation qui fusent de toutes parts. Dans un discours enflammé ce mercredi 10 septembre 2025 devant le Parlement européen, la présidente de la Commission a défendu bec et ongles cet accord estival, perçu comme une capitulation par une majorité d’Européens. Mais face à un monde en ébullition, avec des alliances géopolitiques qui se resserrent autour de la Chine et de la Russie, von der Leyen argue que c’est la stabilité ou le chaos. On décrypte cette saga qui agite l’UE.

Un accord « incontestable » pour éviter le pire

Lors de son discours sur l’état de l’Union, von der Leyen a balayé les doutes d’un revers de main. « J’ai entendu beaucoup de choses concernant l’accord conclu au cours de l’été, je comprends les premières réactions (…) mais nous avons fait en sorte que l’Union européenne obtienne le meilleur accord possible », a-t-elle martelé. Le deal en question ? Des taxes américaines à 15% sur les importations, avec des exceptions clés pour l’UE comme l’aéronautique, en échange d’achats massifs d’énergie US et de baisses de taxes sur des produits made in USA.

Pour elle, c’est du pain béni : « Nous avons doté nos entreprises d’un avantage relatif par rapport aux autres pays. Si on considère les exceptions, nous pouvons constater que nous avons le meilleur accord, c’est incontestable. » Et d’insister sur les emplois en jeu : des millions dépendent de ces liens commerciaux transatlantiques. « Pensez aux répercussions d’une guerre commerciale totale avec les États-Unis. Imaginez le chaos », a-t-elle lancé, évoquant le récent sommet sino-russe avec Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un comme toile de fond d’une « insécurité grandissante ».

Von der Leyen a aussi promis de ne pas céder sur les fondamentaux : « L’Europe décidera toujours par elle-même » en matière environnementale et numérique, malgré les piques de Trump.

Humiliation ressentie : les Européens veulent sa tête

Pourtant, l’accord passe mal. Un sondage choc publié par Le Grand Continent avec Cluster 17 révèle que 52% des citoyens européens y voient une « humiliation », un sentiment qui grimpe à 65% en France et 56% en Espagne. Pire, six sur dix appellent à la démission de von der Leyen, l’accusant d’avoir bradé les intérêts de l’UE.

Le Parlement européen bout de rage. Les eurodéputés dénoncent un « deal » scellé fin juillet comme une capitulation face aux menaces trumpiennes. Des voix s’élèvent pour un vote de censure, même si von der Leyen reste inflexible : cet accord apporte « une stabilité critique » en ces temps troubles.

Contexte explosif : Trump, la Russie et les enjeux globaux

Cette défense arrive alors que Trump pousse pour des sanctions à 100% contre la Chine et l’Inde, accusés d’acheter du pétrole russe malgré les sanctions européennes. La Cour suprême US doit trancher début novembre sur la légalité de ses droits de douane, ajoutant à la tension. Von der Leyen, réélue pour un second mandat, joue gros : cet accord pourrait stabiliser l’économie européenne, mais au prix d’une image écornée.

En France, des économistes comme ceux de l’OFCE soulignent les risques : une guerre commerciale pourrait coûter des milliards en exportations. Mais d’autres, comme dans un rapport récent de Bruegel, saluent les exceptions qui protègent des secteurs clés comme Airbus.

Vers une Europe divisée ou unie face à Trump ?

Von der Leyen parie sur la realpolitik : mieux vaut un accord imparfait qu’un bras de fer destructeur. Mais avec des élections européennes en vue et des tensions géopolitiques au max, cet épisode pourrait redessiner les alliances. Les Européens pardonneront-ils cette « humiliation » ? L’avenir le dira, mais une chose est sûre : en 2025, l’UE navigue en eaux troubles, et von der Leyen tient la barre.