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Les nouvelles têtes d’affiche de la biodiversité : piaf, écolo, rat et chat !

by Matthieu Dourtou
Les Nouveaux Héros de la Biodiversité : Piaf, Écolo, Rat et Chat !

Certains se souviennent peut-être de la déclaration de François Gemenne, membre du GIEC, sur LCI fin 2023 : « Les chats sont une catastrophe pour la biodiversité, les chiens sont une catastrophe pour le climat. […] On n'en parle jamais parce qu'il y a plus de foyers en France qui possèdent un chat ou un chien que de foyers qui ont un enfant. C'est une catastrophe car le chat est l'un des responsables de la perte de biodiversité en milieu urbain, notamment parce qu'il chasse des oiseaux ou de petits mammifères. »

EN BREF

  • La population d'oiseaux sauvages est menacée par des animaux de compagnie, en particulier les chats.
  • Une étude indique que les chats tuent entre 1,4 et 3,7 milliards d'oiseaux par an aux États-Unis.
  • Le débat sur les chats en tant qu'animaux nuisibles se renforce dans un contexte de préoccupations environnementales croissantes.

Ce constat alarmant sur la biodiversité a été corroboré par une étude du Centre ornithologique Île-de-France (Corif) et de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui soulignait que les trois quarts des moineaux parisiens avaient disparu entre 2003 et 2016. Cette dégradation de la biodiversité urbaine touche particulièrement des quartiers comme le 11e arrondissement de Paris, en pleine mutation économique, passant d'un quartier populaire à un secteur prisé, voire « à la mode ». On est alors face à une réalité moins médiatisée que celle des pratiques agricoles, alors même que ce changement sophistiqué entraîne d'autres conséquences sur la faune urbaine.

Dès lors, les questions se posent : qui ou quoi menace réellement les oiseaux dans nos villes ? Selon le rapport 2019 du State of the Birds aux États-Unis, ce sont principalement les chats, surtout ceux sauvages, qui sont en tête de liste des principaux prédateurs. Chaque année, entre 1,4 et 3,7 milliards d'oiseaux y perdent la vie à cause de ces animaux domestiques. Suivent ensuite d'autres risques évidents, tels que :

  • Les fenêtres des immeubles : 599 millions d'oiseaux
  • Les automobiles : 200 millions d'oiseaux
  • Les avions : 25 millions d'oiseaux
  • Les tours de communication : 6,6 millions d'oiseaux
  • Les pylônes électriques : 5,6 millions d'oiseaux
  • Les pesticides : 2,7 millions d'oiseaux
  • Les éoliennes : 234 000 oiseaux

En France, l'artificialisation des sols crée des enjeux supplémentaires. Chaque minute, ce sont 1 000 m² de terres qui se transforment en zones urbanisées, rendant impossible la nidification pour de nombreuses espèces d'oiseaux. Ce phénomène est d'autant plus préoccupant dans nos villes, témoins d'un aménagement où le béton l'emporte sur la nature.

Des débats enflammés sur la place des chats

Récemment, les chats se sont retrouvés au cœur d'un débat intense parmi les environnementalistes. Des voix se sont élevées, parfois sans modération, pour affirmer que nos félins domestiques sont devenus des « persona non grata » dans nos sociétés. Un exemple frappant est l’amendement proposé en 2020 par le député écologiste François-Michel Lambert, qui souhaitait classer les chats parmi les espèces nuisibles, évoquant leur rôle dans la diminution des espèces animales, y compris certaines protégées. Cet amendement, bien que jugé irrecevable, révèle une tendance croissante à remettre en question la place de ces animaux dans nos vies.

Poursuivre cette conversation sur les chats soulève des paradoxes. Une étude parue dans la revue New Scientist récemment a même comparé l’empreinte carbone des chats à celle d'une voiture Volkswagen Golf, ajoutant du poids à l'argumentation anti-chats, en mentionnant qu'il faudrait 7 000 à 8 000 vaches pour nourrir 500 000 chats.

La cohabitation sur un fil

À Paris, la situation se complexifie avec la présence de rats. Alors qu'ils sont souvent diabolisés, la conseillère municipale Douchka Markovic a tenté de les requalifier en « surmulots », une tentative de dédramatisation. Grégory Moreau, adjoint à la mairie de Paris, a même déclaré que sans eux, « la ville ne serait pas aussi propre ». Cette ambiguïté entre le sabotage et la cohabitation met en lumière une véritable fracture dans notre rapport à la nature.

Bien que la nécessité de mieux gérer la biodiversité et de protéger les espèces menacées soit indiscutable, les débats sur la gestion des animaux de compagnie et des espèces sauvages soulèvent des questions profondes sur notre cohabitation avec ces créatures. En tant que propriétaire de chats à la campagne, j'ai remarqué une réelle diminution des infestations de rongeurs grâce à leur présence. Ainsi, l'interaction entre les humains, les animaux de compagnie et la faune sauvage demeure une problématique complexe.

Historiquement, les chats ont été valorisés pour leur rôle dans la protection des récoltes en s'attaquant aux nuisibles. Des civilisations anciennes aux périodes modernes, ils ont vu leur statut osciller entre admiration et rejet. Aujourd'hui, comme le monde fait face à de nouveaux défis environnementaux, il est peut-être temps de redéfinir cette relation et de trouver un équilibre dans nos écosystèmes urbains.

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