L’Italie s’est mobilisée ce lundi en faveur de la Palestine. Des dizaines de milliers de manifestants ont exprimé leur soutien, dénonçant le "génocide à Gaza". Cette journée de mobilisation a été marquée par des heurts, en particulier à Milan, et a entraîné des grèves et des blocages à travers le pays, à l’initiative de plusieurs syndicats.
EN BREF
- Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en Italie pour la Palestine.
- Des heurts ont éclaté à Milan, où des manifestations ont été violemment réprimées.
- Le gouvernement italien fait preuve de réticence à reconnaître l'État de Palestine pour le moment.
Ce mouvement intervient à l'occasion du jour où certains pays, dont la France, envisagent de reconnaître formellement l'État de Palestine à l’ONU, en réaction à la reconnaissance par le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada le dimanche précédent. L’Italie, de son côté, adopte une position prudente, ne se joignant pas encore à cette initiative.
À Rome, plus de 20 000 personnes, dont de nombreux jeunes lycéens, se sont retrouvées devant la gare Termini. Écrivant sur une immense banderole : "Contre le génocide, bloquons tout !", ils ont brandi des drapeaux palestiniens tout en scandant : "Palestine libre !". Ces jeunes portent un message fort : celui de la jeunesse engagée, désireuse de voir un changement concret dans la politique de leur pays.
« L’Italie parle mais ne fait rien », a déclaré Federica Casino, une employée de 52 ans, évoquant les enfants morts et les hôpitaux détruits à Gaza.
AFP
Les manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes, notamment à Milan, où des affrontements violents ont eu lieu près de la gare centrale. Des manifestants ont lancé des projectiles contre les forces de l’ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes.
A Bologne, des manifestants ont bloqué une autoroute, contraignant les forces de police à intervenir avec des canons à eau. D’autres rassemblements ont été signalés à Turin, Florence, Naples, Bari et Palerme, tandis qu’à Gênes et Livourne, des dockers ont bloqué l’accès aux quais.
Une gouvernance italienne prudente sur la reconnaissance de la Palestine
Le gouvernement ultraconservateur dirigé par Giorgia Meloni, affichant une proximité idéologique avec l’ancien président américain Donald Trump, reste sur une ligne très prudente concernant le conflit à Gaza. Bien que la Première ministre ait exprimé sa "préoccupation" face aux événements, Rome refuse encore de reconnaître l'État de Palestine. Cette position est d’autant plus marquée que le pays demeure réticent aux sanctions commerciales proposées par l'Union européenne, tout en affirmant qu'il n'exporte plus d'armes vers Israël depuis le 7 octobre 2023.
Un sondage récent de l'institut Only Numbers révèle que 63,8 % des Italiens jugent la situation humanitaire à Gaza "extrêmement grave", et 40,6 % se prononcent en faveur de la reconnaissance d'un État palestinien. Ces chiffres montrent l'ampleur de la préoccupation des citoyens italiens face à cette crise humanitaire.
Alors que l'armée israélienne intensifie ses opérations à Gaza, déjà ravagée par presque deux ans de conflit, son objectif affiché est clair : "anéantir" le mouvement islamiste Hamas, responsable de l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël. Cette agression a causé la mort de 1 219 personnes, la majorité étant des civils, selon des données officielles.
De son côté, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza évoque des pertes humaines alarmantes, avançant le chiffre de 65 344 morts, dont aussi une grande part de civils. Face à une telle tragédie, l'appel à la solidarité et à l'engagement citoyen semble plus que jamais nécessaire.
La capacité d'une nation à se mobiliser pour une cause humanitaire révèle l'âme d'un peuple. Alors que l'Italie continue de réfléchir à sa position, il est essentiel de garder en mémoire l'importance d'une action internationale concertée pour mettre fin à ce cycle de violence qui fait tant de victimes innocentes.