Le paysage politique albanais a été récemment marqué par l’arrivée d’une ministre comme aucune autre : Diella, une ministre virtuelle créée par l’intelligence artificielle. C’est le Premier ministre Edi Rama qui a annoncé sa nomination en grande pompe début septembre. Ce jeudi 18 septembre, Diella s’est exprimée pour la première fois devant le Parlement, en réponse au programme gouvernemental, suscitant des réactions mitigées et des critiques vives de l’opposition, qui ne s’est pas fait prier pour faire entendre son mécontentement.
EN BREF
- Diella, ministre virtuelle en charge des Marchés publics, soulève des critiques.
- Des promesses d'appels d'offres publics exempts de corruption.
- Des accusations d'anticonstitutionnalité par l'opposition.
La création de Diella intervient dans un contexte où la corruption est un enjeu majeur en Albanie, classée 80e sur 180 pays selon l’ONG Transparency International sur l’indice de perception de la corruption. Edi Rama, connu pour ses audaces communicationnelles, assure que chaque décision prise par cette ministre garantira une transparence totale et l'absence de corruption dans les appels d'offres publics.
Il est à noter que cette annonce s’inscrit dans un contexte délicat pour le gouvernement. Le maire de Tirana, ancien collaborateur de Edi Rama, est en détention préventive depuis plusieurs mois, soupçonné de corruption dans la gestion des marchés publics et de blanchiment d’argent. Ce climat de méfiance ne facilite pas la crédibilité des promesses énoncées par le chef du gouvernement concernant Diella.
Des oppositions virulentes
La nomination de Diella a suscité une tempête de réactions au sein de l’opposition, notamment de la part de Sali Berisha, ancien Premier ministre et actuel chef de l’opposition. Ce dernier a dénoncé une stratégie d'attraction médiatique, affirmant que “le but n’est autre que d’attirer l’attention.”
“Il est impossible de freiner la corruption avec Diella,” a-t-il ajouté, pointant du doigt l'absence de responsabilité réelle. Berisha a annoncé l'intention du Parti démocratique de saisir la Cour constitutionnelle, dénonçant une nomination qu’il juge anticonstitutionnelle. Il soulève une question cruciale : “Qui va contrôler Diella ?”
En réponse à ces accusations, Diella, prenant la parole par vidéo, a déclaré que la Constitution albanaise parle de devoirs, de responsabilités et de transparence, affirmant incarner ces valeurs avec rigueur, sinon plus, qu’un ministre humain. Pourtant, le flou autour de l'auteur de ses discours demeure une question sans réponse.
Malgré le tumulte, le Premier ministre Edi Rama a réussi à faire adopter le programme de son gouvernement, avec 82 voix pour, tout en faisant face aux huées de l’opposition qui a décidé de boycotter le vote. Cette dynamique de défiance au sein du Parlement illustre les tensions croissantes qui caractérisent la scène politique albanaise.