Mobilisation inédite à Madagascar : Des milliers de voix s'élèvent contre les coupures d'eau et d'électricité
Le jeudi 25 septembre, un mouvement sans précédent a eu lieu à Antananarivo, capitale de Madagascar. Des milliers de manifestants ont bravé l'interdiction préfectorale en se rassemblant pour dénoncer les coupures répétées d'eau et d'électricité. À l'origine de cette mobilisation, le collectif Gen Z Madagascar, créé mi-septembre sur les réseaux sociaux, a su rassembler jeunes et moins jeunes, y compris des expatriés malgaches, autour d'une cause commune : l'accès équitable aux ressources essentielles.
EN BREF
- Des milliers de manifestants se sont réunis à Antananarivo contre les coupures d'eau et d'électricité.
- Le mouvement Gen Z Madagascar critique la mauvaise gestion de la société Jirama.
- Les manifestants expriment leurs préoccupations face à la corruption et à la pauvreté généralisées.
Le cadre d'action de Gen Z Madagascar est clair : ce collectif se positionne comme un mouvement pacifique et citoyen, dénonçant non seulement les coupures d'électricité, mais aussi la corruption systémique qui gangrène les institutions malgaches. Selon un communiqué diffusé juste avant la manifestation, le groupe alerte sur la pauvreté extrême qui touche une part importante de la population. Les slogans ressassés par les jeunes manifestants, illustrent une exaspération profonde face à une situation jugée intolérable.
Les manifestations à Madagascar ne sont pas nouvelles, mais celles-ci se distinguent par leur ampleur et la présence significative de la jeunesse. Ces derniers mois, la ville a connu des restrictions sévères d'électricité, dues en partie à une baisse du niveau des barrages hydroélectriques durant la saison sèche. La mauvaise gestion de Jirama, la société nationale de distribution d'eau et d'électricité, a également constitué un facteur aggravant. Une étudiante de 23 ans, engagée dans le mouvement, témoigne :
« On n’en peut plus des délestages [coupures d’électricité] qui durent parfois jusqu’à huit heures par jour. On est obligés de préparer nos soutenances de mémoire dans le noir ou d’attendre que le courant revienne au milieu de la nuit. »
Lors de cette journée de mobilisation, les manifestants ont brandi des panneaux réclamant une amélioration immédiate de leur quotidien. Les chants de revendication n’ont pas seulement mis en avant des problématiques d'accès à l'eau et à l'électricité, mais ont également résonné comme un appel à l'action contre l'inertie des dirigeants. La manifestation a été marquée par une ambiance à la fois déterminée et résiliente, des slogans tels que « L'eau et l'électricité sont des droits, pas des privilèges ! » illustrant la colère de la population face à des années d’abandon.
Si ce mouvement connaît un écho favorable, reste à voir s'il engendrera des changements concrets dans la politique en matière de gestion des ressources essentielles. Ce type de mobilisation rappelle à quel point une société engagée peut faire bouger les lignes, même dans des contextes difficiles.
Les autorités malgaches ont, pour l'heure, choisi de répondre par une répression silencieuse, mais le défi de la crise énergétique et de l'accès à l'eau potable ne se résoudra pas uniquement par l'usage de la force. En ce moment décisif, l'avenir de Madagascar est entre les mains de ses citoyens, d'un peuple qui refuse de se laisser faire et qui aspire à mieux.