La dette publique de la France a encore connu une progression inquiétante au second trimestre 2023. En effet, elle a atteint 115,6 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin de juin, marquant ainsi un record historique en valeur absolue, dépassant les 3 400 milliards d'euros. Le Premier ministre, Élisabeth Borne, se retrouve dans une situation délicate, cherchant désespérément une solution pour boucler le budget de 2026 dans un climat social de plus en plus tendu.
EN BREF
- La dette publique de la France atteint un niveau record de 115,6 % du PIB.
- Les déficits accumulés depuis 1975 accentuent la pression sur les finances publiques.
- La situation sociale se tend avec des mouvements de contestation prévus dans les semaines à venir.
À la fin juin, la dette nationale s'établissait à 3 416,3 milliards d'euros, soit une augmentation de 70,9 milliards d'euros par rapport au premier trimestre. Pour contextualiser, à la fin mars, le ratio de la dette par rapport au PIB était de 113,9 % et de 112,1 % au deuxième trimestre de l'année précédente. Lors du début du premier mandat d'Emmanuel Macron, la dette était à 101,2 %, équivalant à 2 281,3 milliards d'euros.
Une Croissance Économique Sous Pression
La hausse persistante de la dette est le résultat d'une accumulation ininterrompue des déficits publics depuis 1975. Selon Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE, "la dette augmente plus vite que celle de ses voisins européens". Cette situation résulte non seulement de coûts élevés liés aux mesures de soutien face aux crises sanitaire et inflationniste, mais également d'une réduction des prélèvements obligatoires non compensée par une augmentation des recettes publiques.
De plus, le déficit public présente un caractère structurel, augmentant de manière chronique plutôt que cyclique. Ce phénomène a été identifié dans le courant des événements liés à la crise des gilets jaunes. Pour compenser cette situation, le Premier ministre a jusqu'à mi-octobre pour soumettre un projet budgétaire à l'Assemblée nationale, un exercice particulièrement complexe étant donné le mécontentement croissant au sein des syndicats et des mouvements sociaux.
L'intersyndicale prévoit notamment une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre, réclamant des réformes pour une plus grande justice fiscale. Parallèlement, le patronat s'organise pour un meeting le 13 octobre, dénonçant la "dangerosité" d'un débat fiscal qui pourrait s'avérer houleux.
La France, un Élève en Retard
Dans le paysage économique européen, la France ne brille pas par sa gestion de la dette. En effet, elle se classe troisième parmi les pays les plus endettés de la zone euro, juste après la Grèce et l'Italie. Le niveau de déficit prévu pour cette année s'élèverait à 5,4 % du PIB, un chiffre bien éloigné du seuil européen de 3 % qui permettrait de stabiliser la situation de la dette.
Avec la dégradation de la note souveraine de la France par l'agence de notation Fitch, la situation budgétaire apparaît encore plus préoccupante. Cette agence a mis en lumière l'instabilité politique et la fragilité budgétaire de la France, envisageant un endettement atteignant jusqu'à 121 % du PIB d'ici 2027.
La montée de la dette devient de plus en plus onéreuse, principalement liée à la hausse des taux d'intérêt sur les emprunts. Cette évolution rend la gestion budgétaire de plus en plus complexe, aggravée par la dissolution de l'Assemblée nationale survenue en juin 2024.
Alors que le gouvernement tente de naviguer à travers un contexte économique houleux, l'incertitude reste de mise concernant l'élaboration des prochaines politiques budgétaires. Les semaines à venir s'annoncent décisives pour la France, un pays dont la dette continue d'inquiéter économistes et citoyens.