Depuis plus d’une semaine, Madagascar est secouée par un vaste mouvement de contestation, mené par la Génération Z. Le président malgache, Andry Rajoelina, a pris la parole ce vendredi 3 octobre, en accusant des acteurs extérieurs et certains politiciens locaux de tenter de manipuler l’opinion publique afin de renverser son gouvernement.
EN BREF
- La Génération Z mobilise des milliers de jeunes malgaches contre le régime en place.
- Andry Rajoelina dénonce des tentatives de coup d'État et des manipulations externes.
- La situation reste tendue avec des affrontements lors des manifestations à Antananarivo.
Dans cette allocution diffusée sur les réseaux sociaux, Andry Rajoelina a affirmé que le mouvement en cours, débuté le 25 septembre, avait pour but de provoquer un coup d'État. Face à une mobilisation continuelle et croissante, le chef de l'État malgache a choisi de s’adresser directement à ses concitoyens, en utilisant les plateformes numériques.
Il croit fermement que cette révolte vise à le renverser par la force plutôt que par des élections. Le président a aussi évoqué une vaste opération de cyber-attaque, incitant les jeunes à se soulever contre son gouvernement. Cette accusation pose un réel questionnement sur la nature de la contestation, souvent exacerbée par des appels à la violence.
Andry Rajoelina, président de Madagascar
Le président n’a pas hésité à mettre en garde contre l'infiltration d'individus armés au sein des manifestants. Selon lui, leur objectif serait de frapper Jirama, la compagnie nationale de distribution de l'eau et de l'électricité, déjà sous le feu des critiques pour ses coupures répétées. Rajoelina évoque également des complicités internes qui pourraient contribuer à la déstabilisation du pays.
Ce vendredi 3 octobre, l'attente d’un nouveau Premier ministre ne s'est toujours pas concrétisée. Andry Rajoelina continue de s'engager dans des consultations avec différentes forces vives du pays, ayant limogé exonéré tout son gouvernement lundi dernier dans un effort vain de restaurer l'ordre.
Il a partagé sur son compte X : "Hier, j'ai rencontré les Chefs d’Eglise du FFKM", ajoutant que tous avaient prié pour la paix de la nation. Le président s’est également entretenu avec des partenaires internationaux tels que la Banque mondiale et le FMI, soulignant leur soutien à un retour rapide à l'apaisement et au dialogue.
La tension dans la capitale, Antananarivo, demeure palpable. Ce vendredi, de nombreux commerces sont restés fermés et des forces de l'ordre ont été déployées en nombre au jardin d'Ambohijatovo, un lieu symbolique de rassemblement.
Environ 500 manifestants étaient sur place, rejoignant les cortèges, mais plusieurs d'entre eux ont été arrêtés par des tirs de grenades lacrymogènes. Deux blessés ont été recensés. L’ambiance est fortement chargée ; une manifestante a exprimé avec véhémence : "Ils suffoquent ! Le pire, c’est qu’on est une majorité de femmes ici et ils tirent quand même".
Les échanges entre les forces de gendarmerie et les citoyens sont devenus particulièrement tendus. Un manifestant a déclaré : "On vient ici pour grève pacifiquement, mais on nous dit qu'on a déjà entendu nos revendications. Jusqu'à maintenant, il n'y a aucune solution. Donc, on continue".
Alors que les militants persistent après une journée de repos stratégique, leur détermination à faire tomber le président est évidente. Une jeune femme a déclaré sans ambages : "On a besoin qu'il s'en aille ! On ne veut plus d'un président français. On veut notre indépendance pour de vrai".
La situation demeure indécise et les prochaines heures et jours seront décisifs pour l'avenir politique de Madagascar. Les actions de la Génération Z pourraient bien marquer un tournant dans l'histoire récente du pays et redéfinir les relations entre le gouvernement et la jeunesse malgache.