James Comey, ancien directeur du FBI, fait face à des accusations graves. Inculpé en septembre pour entrave à la justice et fausses déclarations lors d'une enquête parlementaire, il s'est rendu ce mardi devant un tribunal fédéral à Alexandria, aux portes de Washington, à 10 heures (16 heures à Paris). Cette audience marque une nouvelle étape dans les tensions qui opposent Comey à l'ancien président Donald Trump.
EN BREF
- James Comey inculpé pour entrave à une enquête parlementaire.
- Donald Trump a exercé des pressions sur les procureurs pour cibler ses adversaires.
- Comey se déclare confiant dans la justice et innocent des accusations.
Son avocat, Patrick Fitzgerald, a plaidé non coupable des charges. Un procès est prévu pour le 5 janvier prochain. À l’extérieur du tribunal, quelques manifestants ont exprimé leur soutien à Comey en brandissant des pancartes clamant « répression de l’opposition » et « procès spectacle ».
Cette situation est l'écho d'une période trouble pour James Comey. En mai 2017, il a été brutalement limogé par Donald Trump alors que le FBI enquête sur d’éventuelles ingérences russes lors de la campagne présidentielle de 2016. Depuis cette époque, Comey est devenu une cible régulière des attaques du président précédent qui ne cache pas sa vindicte à son égard.
En septembre dernier, Trump a dénoncé sur sa plateforme Truth Social le fait que Comey n’ait pas encore été mis en accusation, signalant ainsi son impatience à voir justice rendue. Il a par la suite incité à la démission du procureur du district de Virginie, qu'il critiquait pour son manque de fermeté dans cette affaire. Celui-ci a été remplacé par Lindsey Halligan, proche de la Maison Blanche, qui a initié les poursuites qui ont conduit à l'inculpation de Comey.
Une vendetta politique ?
La tension entre Comey et Trump semble dégager un parfum de vendetta politique. Le président a exprimé sa satisfaction après l’annonce de l’inculpation, évoquant Comey comme « l’un des pires êtres humains que ce pays ait connus ». Cette déclaration est révélatrice d'une stratégie martelée durant la campagne présidentielle précédente, où Trump a clairement affiché son intention de « se venger » de ceux qu’il considère comme ses détracteurs.
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2023, les enquêteurs américains ont multiplié les enquêtes à l'encontre de diverses personnalités jugées comme adversaires. Après l'inculpation de James Comey, Trump a lancé un appel pressant au ministère de la Justice pour qu'il poursuive les individus qu'il considère comme ses ennemis, mentionnant qu'« il y en aura d’autres ».
Dans le viseur de Trump sont notamment des figures comme John Brennan, ex-directeur de la CIA, qui avait dénoncé la collusion présumée entre l’entourage de Trump et la Russie, ou encore Letitia James, la procureure générale de New York, reconnue pour avoir infligé une amende de près d’un demi-milliard de dollars à Trump suite à une affaire de fraude.
La réaction de James Comey
Face à ces accusations, James Comey a réagi avec fermeté, proposant une défense résolue :
« Je n’ai pas peur. Ma famille et moi savons depuis des années ce qu’il en coûte de s’opposer à Donald Trump. J’ai confiance dans la justice fédérale et je suis innocent. »
Cette prise de position souligne non seulement son défi face à l'autorité présidentielle, mais aussi son engagement à faire face aux conséquences de son mandat.
À la suite de son éviction, l'enquête sur les ingérences russes a été confiée à Robert Mueller, prédecesseur de Comey au FBI. Son rapport, bien que concluant à l'insuffisance de preuves de collusion, avait mis en lumière des pressions inquiétantes exercées par Trump sur l'enquête.
Les développements autour de cette affaire illustrent les tensions persistantes et les luttes de pouvoir au sein du paysage politique américain. Ils ne sont pas seulement une question de legalité, mais bien un révélateur des fractures qui traversent le pays.