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Au Maroc, les jeunes expriment leur colère face au Premier ministre Aziz Akhannouch

by Matthieu Dourtou
Au Maroc, la jeunesse se soulève contre Aziz Akhannouch

Le climat politique au Maroc est actuellement marqué par une tension croissante et des mouvements sociaux de grande ampleur. Dans son dernier numéro, le magazine TelQuel ne fait pas dans la demi-mesure et appelle directement à la responsabilité du Premier ministre Aziz Akhannouch, le qualifiant de "coupable". Les accusations d’abus de pouvoir et de favoritisme économique à son encontre cristallisent un ressentiment de plus en plus palpable au sein de la population, en particulier parmi la génération Z qui se mobilise intensément.

EN BREF

  • Le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch fait face à des accusations d'abus de pouvoir.
  • La génération Z se mobilise contre le gouvernement, appelant à des réformes urgentes.
  • Un mémorandum a été adressé au roi Mohammed VI pour exiger un changement politique.

Conflit d’intérêts : entre privilèges et refus de réformes

Le magazine TelQuel dénonce des conflits d'intérêts manifeste entre les fonctions publiques d'Aziz Akhannouch et ses intérêts privés. Il est reproché au Premier ministre d'avoir attribué des contrats lucratifs à ses propres entreprises. Par exemple, le projet de construction d'une station de dessalement d'eau à Casablanca, estimé à 6,5 milliards de dirhams (plus de 600 millions d'euros), a été confié à un consortium comprenant deux filiales de son groupe Akwa. Une situation qui alimente les soupçons de collusion entre politique et affaires. De plus, en tant que dirigeant de la Commission nationale des investissements, il aurait octroyé des subventions substantielles, renforçant ainsi les accusations de favoritisme.

Les critiques ne s'arrêtent pas là. Akhannouch et son gouvernement sont également accusés de bloquer méthodiquement des réformes nécessaires, notamment dans le domaine de la santé. Ce report d'une réforme cruciale pour alléger la pression sur la caisse d'assurance maladie laisse sous-entendre des liens avec des groupes pharmaceutiques proches de son entourage.

La montée de la génération Z : un mouvement de contestation

Ce climat de mécontentement s'est intensifié, en particulier avec l'émergence de Gen Z 212, un mouvement de jeunes marocains mobilisés principalement via les réseaux sociaux. Lancé en septembre 2022 suite au décès tragique de huit femmes enceintes dans un hôpital public à Agadir, le mouvement s'est rapidement transformé en une série de manifestations quasi quotidiennes dans plusieurs villes, comme Rabat et Casablanca. Les revendications se concentrent sur des réformes dans les secteurs de la santé et de l'éducation, ainsi qu'une plus grande justice sociale et une lutte contre la corruption.

Le mécontentement s'est encore accentué avec des appels au boycott des entreprises liées au Premier ministre. Les jeunes marocains, considérant Akhannouch comme le symbole d'une élite déconnectée, incitent à ne plus consommer les produits de ses entreprises. Ces initiatives se diffusent largement sur les réseaux sociaux, où des listes d'entreprises à boycotter circulent parmi la population.

Un mémorandum adressé au Roi : un appel à l'action

En parallèle, les militants ont récemment diffusé un mémorandum destiné au roi Mohammed VI, dans lequel ils demandent la dissolution du gouvernement actuel et un renouveau politique basé sur la justice et la transparence. Ce document, largement relayé en ligne, exhorte le souverain à utiliser ses prérogatives constitutionnelles pour remplacer le Premier ministre. De son côté, le quotidien Aujourd’hui le Maroc, qui est sous contrôle d'Aziz Akhannouch, défend son bilan, indiquant que ses réformes porteront leurs fruits à long terme. Cependant, la voix de la contestation semble de plus en plus forte, tant dans la rue que sur Internet, faisant d'Akhanouch la cible privilégiée d'une génération réclamant un changement radical.

Les jours à venir s'annoncent décisifs pour le Maroc, alors que la pression sur le gouvernement s'intensifie. La réponse des autorités face à cette démonstration de mécontentement populaire pourrait façonner l'avenir politique du pays. L'évolution des événements est à suivre de près, autant pour les acteurs politiques que pour les citoyens marocains en quête de réformes structurelles.

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