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Maxime Sbaihi : "Suspendre la réforme des retraites, un signal préoccupant

by Matthieu Dourtou
Retraites : Un arrêt qui inquiète

Retraites : La Macronie entre renoncements et réalités démographiques

Alors que la France s’enfonce chaque jour un peu plus dans une crise politique, un vent de renoncement souffle sur une partie de la Macronie. Dans les colonnes du Parisien, l’ancienne Première ministre, Élisabeth Borne, a proposé une suspension de la réforme des retraites. Elle qui, il y a à peine deux ans, qualifiait cette réforme de "choix politique essentiel", appelle désormais à ne pas en faire un "totem", avançant comme justification le compromis.

EN BREF

  • Élisabeth Borne évoque une suspension de la réforme des retraites.
  • L’économiste Maxime Sbaihi critique cette position qui remet en question l’efficacité de la réforme.
  • La réalité démographique impose des ajustements structurels dans notre système de retraites.

Maxime Sbaihi, économiste renommé et auteur de plusieurs ouvrages sur la démographie, a exprimé son inquiétude face à la déclaration d’Élisabeth Borne. Pour lui, cette annonce donne l’exécution d’un signal catastrophique, remettant en question la sincérité et la nécessité d'une réforme considérée comme indispensable. "On donne l’exécrable sensation que cette réforme, pourtant indispensable, n’était ni sincère ni nécessaire depuis le début," a-t-il souligné, appelant à une prise de conscience collective de la situation démographique du pays.

Les conséquences économiques d'une suspension

Selon Maxime Sbaihi, une suspension de la réforme des retraites serait catastrophique sur le plan budgétaire. Le coût immédiat pourrait être d’une dizaine de milliards d’euros de deficits supplémentaires, au moment où la France doit réaliser 120 milliards d’économies pour stabiliser sa dette publique.

En suspendant la réforme, on risquerait d’aggraver les déficits, d’endetter davantage le pays et de compromettre l’avenir des générations futures. "On envisage donc de creuser les déficits et de nous endetter davantage sur le dos de nos enfants," insiste-t-il. La réforme de 2023 vise à améliorer le taux d’emploi des seniors, aujourd’hui bien inférieur à celui de nos voisins européens. Les chiffres témoignent d’une réalité lourde : un pays où le taux d’activité des seniors est en décalage avec les enjeux démographiques actuels.

Un déficit démographique croissant

Maxime Sbaihi évoque un dénouement démographique alarmant en France. Le déclin du taux de natalité et l’augmentation du nombre de retraités créent une pression insoutenable sur le système de retraites, qui repose sur le principe de solidarité intergénérationnelle. "Nous vivons en France dans une bulle spatio-temporelle," déclare-t-il. Les mesures d’adaptation doivent être prises au sérieux, comme l’a fait l’Allemagne, où l’âge de départ à la retraite commence à être réévalué.

Dans ce contexte, Blâmer les gouvernements actuels ou passés ne suffit plus. Nous devons agir maintenant pour préparer un avenir stable et durable. Sbaihi rappelle que l’inaction aujourd’hui se traduira par une facture douloureuse demain, non seulement en matière financière mais aussi dans le renforcement des inégalités intergénérationnelles.

Les démagogies politiques et les vraies problématiques

Le discours politique autour des retraites se complique souvent de postures démagogiques, tant à droite qu’à gauche. Ainsi, beaucoup préfèrent ignorer la réalité inéluctable du vieillissement de la population. Maxime Sbaihi insiste sur le fait que la majorité de la population semble vivre cette dynamique en déni, malgré des chiffres alarmants qui très clairement signalent la nécessité d’une réforme systémique. Prendre conscience de l'étendue de ces enjeux et de notre responsabilité à ce sujet est primordial.

Une approche à moyen et long terme

En matière de réforme des retraites, une vision à long terme est indispensable. Selon les projections, il serait nécessaire de porter l'âge de départ à la retraite à 66 ans d'ici 2045, puis à 67 ans en 2070, afin de garantir l'équilibre de notre système social. Avec un nombre record de retraités qui bénéficient de niveaux de vie équivalents à ceux des actifs, il est impératif de redéfinir l'équilibre entre les générations.

La situation actuelle est déjà jugée insoutenable par les experts. La question des retraites est plus qu’un simple débat, elle implique la pérennité de notre économie et le maintien de la solidarité intergénérationnelle. À cet égard, prendre des décisions courageuses aujourd'hui est loin d'être un luxe, mais bien une nécessité pour assurer un avenir serein à notre société.

La crise politique actuelle ne doit pas détourner notre attention des enjeux fondamentaux liés aux retraites. Ce débat mérite une approche sérieuse, débarrassée des idéologies et des postures qui ne font que retarder les ajustements nécessaires. Il est grand temps de sortir du déni et d'affronter la réalité démographique qui nous attend, une réalité qui nécessite l'engagement de toutes les parties prenantes de notre société.

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