Plusieurs dizaines de prisonniers palestiniens sont arrivés à Ramallah lundi. Ils ont été accueillis par leurs familles, qui attendent parfois ce retour depuis plus de 20 ans.
EN BREF
- 88 prisonniers palestiniens ont été libérés par Israël le 13 octobre 2025.
- Des retrouvailles émouvantes ont eu lieu au musée Mahmoud-Darwish à Ramallah.
- Des familles demeurent dans l'incertitude face à l'expulsion d'autres déportés.
Ces dernières heures, des émotions intenses ont traversé la ville de Ramallah. Ce lundi 13 octobre 2025, un groupe de 88 prisonniers palestiniens a enfin retrouvé la liberté après des décennies d’incarcération en Israël. Cette libération s’inscrit dans le cadre d’un échange lié à un cessez-le-feu à Gaza, marquant un tournant dans les relations tendues entre Israël et le Hamas.
L’arrivée des premiers prisonniers s’est faite sur plusieurs cars, sous un ciel clair. En pleine journée, le musée Mahmoud-Darwish s’est transformé en épicentre de la joie populaire. Des cris de joie, des chants et des applaudissements ont accueilli ces hommes, dont certains n'avaient pas revu leur famille depuis plus de deux décennies. Quelques-uns, émaciés, sont descendus des bus, illustrant ainsi le prix de la longue détention à laquelle ils ont fait face.
Un autre aspect de cette libération fut le changement de dernière minute des noms autorisés à rentrer en Cisjordanie. En effet, sur une centaine de détenus initialement prévus pour le retour, certains ont été écartés à la dernière minute, entraînant des déceptions parmi les familles. Ce sont finalement 88 détenus qui ont pu embrasser leurs proches, tandis que les autres vivent dans l'incertitude, certains devant être expulsés vers Gaza ou l'étranger.
La scène au musée matérialise une réconciliation pour de nombreux proches. Une mère, désignée parmi ceux qui ont attendu pendant de longues années, a exprimé son soulagement :
Sœur d'un prisonnier palestinien libéré
« Je ne peux vous décrire mes sentiments. Après plus de 24 ans, la vie revient, le soleil s’est levé de nouveau. »
Ce simple échange de tendresse entre mères et fils, frères et sœurs, a créé un moment dont la portée dépasse le cadre individuel. Une vieille dame, après tant d’années, a retrouvé son fils, mais sa joie était teintée de tristesse :
Mère d'un prisonnier palestinien libéré
« Je voudrais lui préparer un plat de fête, mais je sais qu’ils ne peuvent pas manger car ils sont en mauvaise santé. »
Ce contraste entre l'euphorie des retrouvailles et la réalité de la santé fragile des libérés rappelle les lourds sacrifices subis. Alors que certains prisonniers, en proie à un état d'affaiblissement, ont même perdu connaissance lors de cette journée tragique, d'autres n'ont pas manqué de faire entendre leur voix face à des restrictions imposées par l’armée israélienne. Un des prisonniers a ainsi déclaré :
Prisonnier libéré
« Ils ont tout fait pour nous enlever notre joie, mais nous sommes libres et avec nos familles. »
Au milieu des larmes de joie, une note d’amertume a également émergé, illustrée par les témoignages de ceux dont les proches ont été rayés de la liste. Mariam, une jeune femme porteuse d’espoir et de désespoir à la fois, s'inquiète :
Mariam
« Mon frère est sur la liste de ceux qui seront déportés. Mais où ? À Gaza ? En Égypte ? En Turquie ? Nous ne le savons pas. »
Cette libération inédite, éminemment symbolique, a ainsi transcendé un simple échange de prisonniers. Elle a donné à voir une communauté vivant à la lueur d’un espoir fragile, tout en rappelant la complexité d’une situation enracinée dans des décennies de conflits. À Ramallah, ce jour-là, la douce lumière de la liberté a illuminé des visages marqués par l’attente, mais elle a aussi mis en lumière les défis qui restent à relever.