Depuis quelque temps, un vent d'incertitude plane à Bruxelles concernant l'interdiction des voitures thermiques prévue pour 2025. C'est une mesure emblématique du Pacte Vert, défendu ardemment par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cependant, certains acteurs du secteur automobile, en particulier les représentants des constructeurs et des équipementiers, expriment leurs préoccupations face à un marché en forte baisse. En France, le marché automobile a connu une chute de presque 8 % au cours des six premiers mois de l'année. Cette situation délicate est exacerbée par des hésitations politiques, comme l'abandon des Zones à faibles émissions (ZFE), et une instabilité croissante, obligeant les ménages à retarder l'achat d'un nouveau véhicule.
EN BREF
- Menaces sur l'interdiction des voitures thermiques en 2025.
- Chute de 8 % des ventes automobiles en France sur six mois.
- Les ZFE abandonnées, provoquant des inquiétudes parmi les acteurs du marché.
Il est à noter que si la transition vers l’électrique progresse, elle n’affiche qu’une part de marché de 17,6 %, stagnante face à la montée en puissance des véhicules hybrides, notamment ceux d’origine chinoise. Alors que les constructeurs européens peinent à s'adapter, les fabricants chinois inondent le marché européen avec des modèles attractifs. En effet, les ventes de véhicules hybrides ont bondi de 223 % depuis le début de l'année, et ces derniers représentent désormais plus de la moitié du marché automobile français. Cette situation a conduit de nombreux constructeurs à afficher une mine à la fois préoccupée et résignée.
Les Zones à Faibles Émissions : un parcours semé d'embûches
Les Zones à faibles émissions (ZFE) ont pris un coup dur après le vote des députés le 17 juin 2025, qui a validé leur suppression dans la plupart des régions, excepté à Paris et à Lyon. Ces zones, considérées par certains comme socialement injustes, ont suscité une vive opposition, notamment de la part des résidents des zones périurbaines. Ces populations, souvent en difficulté financière, possèdent majoritairement des véhicules anciens et tardent à les renouveler.
Christophe Michaëli, directeur du marché de la mobilité chez BNP Paribas Personal Finance, souligne que « les ménages modestes n'ont pas les moyens d'acheter des véhicules récents, souvent plus respectueux de l’environnement ». Cette assertion est renforcée par des chiffres : en quinze ans, les prix des voitures ont augmenté de 70 %, tandis que le pouvoir d'achat n'a progressé que de 10 %. Il en résulte que l’accès à des véhicules électriques reste difficile pour de nombreux Français.
Les sondages récents montrent que près de 80 % des Franciliens jugent l'instauration des ZFE injuste, tout en devant faire face à un environnement économique où l'électricité, désormais plus coûteuse, pourrait rendre l’utilisation des voitures électriques moins abordable que celle des modèles à combustion.
Les conséquences sur les utilitaires
Il convient de mentionner les impacts sur les utilitaires. Depuis le 1er janvier, 440 000 véhicules ont été exclus de la métropole du Grand Paris, représentant près d’un quart des voitures particulières. Les secteurs de la logistique et de l’artisanat souffrent particulièrement de cette restriction, car ils dépendent souvent de pays où les options électriques demeurent inadaptées ou trop onéreuses.
Malgré ces défis, le potentiel d’une transition réussie existe. Christophe Michaëli insiste sur la nécessité d'un écosystème favorable avant de mettre en œuvre plus de ZFE. Des initiatives en matière de financement, d'éducation à l'électromobilité, et de développement d'infrastructures adaptées pourraient en effet ouvrir la voie vers un avenir plus respectueux de l'environnement.
Chaque acteur du marché doit prendre en considération ces circonstances pour adapter ses approches et répondre aux attentes des consommateurs. Une réforme bien intégrée pourrait éventuellement mettre un terme à la soupe à la grimace actuelle et favoriser une transition vers une mobilité durable plus équitable.