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Viktor Orbán et ses drones en Ukraine : un adversaire insoupçonné pour l'Europe

by Matthieu Dourtou
Viktor Orbán et ses drones : l'ombre inattendue sur le ciel européen.

L'Europe face à la menace interne : le cas de Viktor Orbán

Les sommets européens sont souvent marqués par une atmosphère curieuse où les dirigeants, malgré leurs divergences d’opinion, s’échanges accolades et rires complices. Pourtant, derrière cette apparente camaraderie, se cache une réalité troublante, particulièrement lorsque l'on observe le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán. Ce dernier, en dérogeant ouvertement aux principes de l’Union européenne, semble se comporter comme un allié des adversaires, semant le trouble au sein même des institutions européennes. À la lumière de la guerre en Ukraine et des tensions avec la Russie, ce constat prend une dimension alarmante.

EN BREF

  • Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, défie l'unité européenne face à la Russie.
  • Le sommet de Copenhague a mis en lumière ses provocations à l'égard de l'Ukraine.
  • Les tensions croissantes entre Budapest et les autres capitales européennes interpellent sur la cohésion de l'UE.

Les 1er et 2 octobre, les chefs d’État et de gouvernement européens se sont réunis à Copenhague pour un sommet informel axé sur la défense et le soutien à l’Ukraine. Cependant, au même moment, des drones non identifiés ont traversé l’espace aérien danois, augmentant d’un cran les tensions. Les dirigeants européens, face à l’agression russe, ont affirmé leur détermination à protéger l’intégrité territoriale de l’Ukraine, tout en appelant à une réponse ferme contre les manœuvres hostiles du Kremlin.

Toujours accroc au gaz russe

Dans une interview accordée à l’émission pro-Orbán, Harcosok oraja, Viktor Orbán n’a pas hésité à réagir aux accusations de Volodymyr Zelensky, qui pointait du doigt la présence de drones hongrois dans l’espace aérien ukrainien. En réponse, Orbán a minimisé la situation : "Supposons qu’ils ont volé quelques mètres dans le pays. Et alors ? L’Ukraine n’est pas un pays indépendant et souverain, c’est nous qui la maintenons à flot." Sa position est préoccupante : il refuse d’appliquer l’article 5 de l’OTAN en cas d’agression d’un État membre et s’affiche ouvertement en soutien à la Russie.

Dans un contexte où les Européens, par leur unité, espèrent résister aux menaces extérieures, Orbán semble jouer un double jeu, mettant en péril la cohésion de l’OTAN et de l’UE. Il continue de bloquer des sanctions contre la Russie et semble utiliser son veto comme une arme de chantage, menaçant d’empêcher toute avancée concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.

À Copenhague, derrière ces échanges de courtoisie, les tensions avec Budapest étaient palpables. Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré qu’Orbán affaiblissait l’unité européenne face à l’agression russe, un point renforcé par la réaction de la Première ministre danoise, Mette Frederiksen. "Je ne permettrai pas à un pays, et certainement pas à M. Orbán, de prendre des décisions concernant l’avenir de l’Europe", a-t-elle martelé, soulignant les enjeux de sécurité continentale.

Penser la guerre

À travers ces discours, une question cruciale émerge : qu’attend l’Europe pour prendre des mesures contre celui qui se présente comme un traître ? Les traités européens n’envisagent pas l’expulsion d’un membre, et l’axe Tchéquie-Slovaquie-Hongrie empêche toute avancée sur ce front. Certes, la défense contre un ennemi externe est essentielle, mais l’UE semble avoir du mal à reconnaître la menace interne qu’incarneOrbán. Ce dernier, moins spectaculaire mais tout aussi dangereux, représente un défi à la survie même de la construction européenne.

Marion van Renterghem, grand reporter et lauréate du prix Albert-Londres, est l'auteure du livre “Piège Nord Stream”.

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