Le Recrutement des Professeurs de Langue des Signes : Une Décision Contestée
Ce mardi 3 octobre 2023, une décision de l’éducation nationale a provoqué une onde de choc au sein de la communauté éducative : aucun professeur de langue des signes française (LSF) ne sera recruté lors de la session 2026 du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES). Bien que cette décision touche un nombre limité de personnes, son impact symbolique soulève de vives inquiétudes tant du côté des étudiants que des enseignants.
EN BREF
- Aucun professeur de LSF ne sera recruté lors de la session 2026 du CAPES.
- Une pétition pour la réouverture des concours a recueilli plus de 9 176 signatures.
- La décision fragilise les formations universitaires liées à la LSF en France.
La discipline de la LSF, qui devrait être en phase avec les évolutions de la société, se voit reléguée à l’arrière-plan. Ne figurant pas dans la liste des concours internes, externes, ou de la troisième voie, publiée fin septembre, cette omission a laissé de nombreux étudiants et professionnels de la filière dans le désarroi.
Une Réaction Exprimée par des Étudiants Engagés
Quentin Vasseur, un étudiant sourd de 28 ans, représente le cœur de ce mécontentement. Après avoir surmonté de nombreuses épreuves pour obtenir une licence en LSF à Poitiers, il se trouve désormais inscrit en master « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » à l’université Paris-VIII. Son rêve de transmettre sa langue à des enfants sourds est désormais menacé. Déçu et ayant l’impression d’avoir perdu son temps, il a lancé une pétition sur Change.org, qui a recueilli rapidement plus de 9 176 signatures. Dans son appel, il demande la réouverture immédiate des concours afin de « pérenniser la place de la LSF dans notre système éducatif ».
Les enseignants de Paris-VIII, ainsi que ceux de six autres universités, ont également exprimé leur opposition à cette décision à travers une lettre ouverte. Dans ce document, ils affirment que cette décision « fragilise toutes les formations universitaires en lien avec la LSF, d’autant plus précieuses qu’elles sont rares en France et en Europe ».
Un Contexte Éducatif Fragile
Au-delà de la simple question de l’emploi, cette situation soulève une problématique plus large : l’accès à l’éducation pour les personnes sourdes. La LSF est non seulement un moyen de communication, mais aussi un outil essentiel pour l’enseignement et l'intégration sociale. L'absence de professeurs qualifiés menace ainsi l’avenir des jeunes sourds qui souhaitent apprendre dans leur langue maternelle.
Dans un pays où la diversité linguistique est riche, la langue des signes française permet de promouvoir l’inclusion et l’égalité des chances. Les décideurs politiques doivent reconsidérer leur approche face à la demande croissante de formation en LSF, surtout dans un contexte où les étudiants comme Quentin se battent pour préserver cette langue.
La communauté sourde et ses alliés, armés de pétitions et de lettres ouvertes, semblent déterminés à faire entendre leurs voix. La question ne se limite pas uniquement à l'enseignement de la LSF, mais touche au cœur des valeurs d’égalité dans l'éducation. Dans un contexte où la sensibilisation sur les questions d'accessibilité progresse, il est primordial pour les décideurs de prendre en compte les revendications légitimes de cette population.
En somme, le combat pour la reconnaissance et la pérennisation de la langue des signes française dans le système éducatif est loin d'être terminé. La prochaine étape pourrait déterminer l’avenir de l’enseignement de la LSF dans notre pays.