Au cœur de Paris, devant l’église Saint-Germain-des-Prés, une activité insolite s’est développée au rythme des voitures emblématiques. Plusieurs fois par jour, des 2CV colorées se postent en double file, prêtes à embarquer des touristes, principalement américains, pour des balades d’environ deux heures. La prestation, facturée à 95 euros par personne, fait le bonheur de Frédéric Baena, un ancien financier qui a décidé de se lancer dans cette aventure grâce à Airbnb. Selon lui, « sans Airbnb, je ne me serais jamais lancé ». Il possède aujourd’hui sept 2CV et emploie plusieurs chauffeurs-guides, une manière de rentabiliser son investissement.
EN BREF
- Airbnb se diversifie dans les activités touristiques en France.
- La plateforme a investi 200 millions d'euros pour sporter cette expansion.
- Les prévisions de chiffre d’affaires s’élèvent à 1 milliard de dollars d’ici trois ans.
Cette offre n’est pas unique. On dénombre plus d’un millier d’expériences similaires proposées sur la plateforme en France. Du tour des cavistes à Lyon aux promenades chantées à Montmartre, en passant par des cours de pétanque à Marseille ou des découvertes de Deauville en side-car, Airbnb propose toute une gamme d'activités. Il est également possible de réserver des services à domicile, tels que des prestations de manucure, de coiffure, ou même des chefs à domicile qui concoctent des repas sur mesure.
Après avoir transformé le secteur de l’hébergement touristique, Airbnb rêve maintenant de conquérir le marché des activités et des services à la personne. La direction poursuit cet objectif avec un investissement ambitieux de 200 millions d’euros, annoncé en mai dernier, pour accompagner sa stratégie d'expansion. L'idée est d’attirer des microentrepreneurs tout en prélevant une commission de 15 % à 20 % sur chaque vente. Contrairement à des concurrents bien établis tels que Viator ou GetYourGuide, l’avantage d’Airbnb réside dans sa capacité à associer logement et services, tout en s’appuyant sur une vaste base de données clients.
Brian Chesky, le PDG d’Airbnb, a exprimé le souhait de faire de l’entreprise « l’Amazon des services », un objectif précis qui pourrait bien redéfinir la manière dont nous pensons les vacances. En matière de chiffre d'affaires, la plateforme vise 1 milliard de dollars (soit environ 850 millions d'euros) à travers ces nouvelles offres d'ici trois ans. Cela représente une petite fraction des 11 milliards de dollars générés en 2024 sur son activité principale, la location de courte durée.
Toutefois, des nuages noirs commencent à pointer à l’horizon. Les budgets des voyageurs se resserrent, et les réglementations deviennent de plus en plus strictes dans des villes comme New York, Barcelone ou Paris. Les autorités locales cherchent à maîtriser le marché des meublés touristiques, ce qui pourrait impacter lourdement le modèle économique d'Airbnb. En septembre, Brian Chesky a exprimé son mécontentement concernant le taux de croissance de l'entreprise et a souligné la nécessité d'une diversification rapide pour éviter des lendemains incertains.
Alors que la plateforme est à un tournant de son histoire, il sera fascinant de voir comment Airbnb naviguera dans ce nouvel océan d'opportunités tout en faisant face aux défis croissants qui menacent son expansion. L'avenir nous dira si la société saura s'imposer comme un acteur incontournable des services à la personne ou si le vent tournera à son désavantage.