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Sanae Takaichi, future Première ministre japonaise, suscite l'inquiétude de Pékin.

by Matthieu Dourtou
Sanae Takaichi : Une future Première ministre japonaise qui inquiète Pékin.

Sanae Takaichi, candidate ultra-nationaliste, a été élue samedi à la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD), un parti de droite conservatrice qui gouverne le Japon. Sa nomination la conduit à devenir, la semaine prochaine, la première femme Premier ministre du pays, succédant au démissionnaire Shigeru Ishiba.

EN BREF

  • Sanae Takaichi devient la première femme à la tête du PLD et devrait être la première femme Premier ministre du Japon.
  • Son arrivée au pouvoir soulève des craintes d'une intensification des tensions diplomatiques avec la Chine et la Corée du Sud.
  • Favorable à Taïwan, elle envisage d'intégrer cette île dans la stratégie de sécurité nationale du Japon.

Âgée de 64 ans, Sanae Takaichi est une proche alliée de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné en 2022. Elle arrive à la tête d’un parti affaibli par des scandales internes, manquant de majorité au Parlement et traversant des divisions qui rendent nécessaires des compromis. Son positionnement ultraconservateur pourrait poser des défis, non seulement sur la scène intérieure, mais également dans les relations avec des puissances voisines comme la Chine et la Corée du Sud.

Vers un "cauchemar diplomatique"

L’élection de Sanae Takaichi choque déjà les observateurs en Chine, où l'on anticipe une aggravation des tensions diplomatiques entre les deux nations. Lin Quanzhong, un spécialiste taiwanais en politique internationale, évoque le début d’un “cauchemar diplomatique” pour le Japon. Les enjeux sensibles qui pourraient être aggravés par sa politique incluent la question de Taïwan, les perceptions historiques et les différends territoriaux.

Au Japon, elle est surnommée “la version féminine d’Abe”, en raison de son alignement idéologique avec son mentor. Sur le plan historique, Sanae Takaichi maintient une posture de négation du massacre de Nankin, un crime de guerre central durant la Seconde Guerre Sino-japonaise. En 1994, elle avait même exprimé dans un hebdomadaire son admiration pour un ouvrage controversé le présentant comme une bible électorale moderne.

Un soutien indéfectible à Taïwan

Concernant la question de Taïwan, Sanae Takaichi se positionne clairement comme une ardente défenseuse de l’île. Lors d'une rencontre avec le président taïwanais Lai Ching-te, elle a réaffirmé que “défendre Taïwan c'est défendre le monde libre”, ajoutant que la chute de cet État insulaire signifierait la perte de la paix pour le Japon. Selon elle, la distance géographique n'est pas le principal enjeu, mais la survie du Japon lui-même.

Elle a également suggéré d’intégrer la stabilité du détroit de Taïwan au coeur de la stratégie de sécurité nationale du Japon. Si elle concrétise cette initiative, cela confirmerait que le gouvernement japonais pourrait traiter la crise du détroit de Taïwan comme une question de défense nationale. Lin Quanzhong défend qu’un tel tournant représenterait un coup politique d’une extrême gravité pour la Chine.

Par ailleurs, selon le chercheur Tetsuo Kotani, la nouvelle administration pourrait mener à un isolement accru du Japon sur la scène internationale. Les relations avec la Corée du Sud, déjà tendues, pourraient se détériorer davantage. Si Tokyo adopte une attitude conflictuelle envers Pékin, alors que les États-Unis se retirent progressivement de la scène asiatique, la situation pourrait devenir extrêmement complexe.

Avec l’ascension de Sanae Takaichi, le climat politique et diplomatique au Japon semble s’orienter vers une période pleine d'incertitudes et de tensions. Comment son mandat influencera-t-il l'avenir du Japon dans un contexte régional en constante évolution ? C’est une question à suivre de près.

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