L'attaque du navire Ocean Viking par les garde-côtes libyens, survenue le 24 août dernier, marque un tournant inquiétant dans les relations entre l'Union Européenne et les opérations de sauvetage en mer Méditerranée. Les membres d'équipage, accompagnés par l'ONG SOS Méditerranée, ont décidé de porter plainte, mettant en lumière la violence des actes perpétrés à l'encontre des ONG d'aide humanitaire. Ce mardi, à Marseille, une plainte visant la « tentative d’assassinat » et « association de malfaiteurs » a été déposée, soulevant de nombreuses interrogations quant à la responsabilité des acteurs impliqués.
EN BREF
- Le navire Ocean Viking a été attaqué en août par des garde-côtes libyens, tirant plus de 100 balles.
- Une plainte pour tentative d'assassinat a été déposée à Marseille par l'équipage et SOS Méditerranée.
- L'ONG souligne le rôle de l'UE et des États membres dans le financement des garde-côtes libyens.
Une attaque sans précédent
Le 24 août, l'Ocean Viking, engagé dans des missions de sauvetage, a été l'objet d'une attaque violente en pleine mer. Plus de 100 balles ont été tirées en direction du navire occupant 87 personnes secourues la veille, ainsi que 34 membres d'équipage.
Cette agression, bien que ne faisant pas de victimes, soulève des questions graves sur les pratiques des garde-côtes libyens et le soutien militaire dont ils bénéficient de la part de l'Union Européenne. Me Marie Geoffroy, avocate des membres de l'équipage, a souligné le besoin de faire la lumière sur les circonstances entourant cet incident et sur les responsabilités des autorités ayant facilité cette violence.
Responsabilités européennes mises en question
Les plaignants insistent sur la nécessité d'une enquête approfondie. Selon SOS Méditerranée, le patrouilleur utilisé pour l'attaque a été fourni aux garde-côtes libyens dans le cadre d’un programme de l'Union Européenne. Ce programme, nommé SIBMMIL (Support to Integrated Border and Migration Management in Libya), vise à renforcer les capacités de ces forces, malgré les antécédents de brutalité déjà signalés à l'encontre des ONG intervenant en mer.
La plainte déposée à Marseille fait suite à une première plainte enregistrée le 5 septembre à Syracuse, en Italie. Cette deuxième action a pour but de faire reconnaître les responsabilités au sein de la chaîne de commandement de la Garde côtière libyenne, ainsi que d'éventuelles implications des États européens.
Un soutien à la violence dénoncé
Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée, exprime son indignation face à la position de l'UE :
« Il n’est pas acceptable que l’UE finance et cautionne la violence des garde-côtes libyens envers des personnes qui sont prises au piège en Libye. »
Elle souligne que ces opérations de sauvetage sont devenues une lutte essentielle contre des pratiques qui violent les droits humains fondamentaux, engendrant des interceptions brutales et des retours forcés vers des situations précaires.
Les acteurs politiques européens doivent prendre conscience de leurs actions et des impacts qu'elles ont sur le terrain. Les erreurs de jugement en matière de politique migratoire et de droits humains doivent être rectifiées afin de garantir que les rescapés puissent disposer d'un avenir sûr et digne.
Cette situation met en exergue le besoin urgent de réévaluer les accords internationaux et d’adopter des mesures qui respectent les droits des personnes vulnérables cherchant refuge. Le cas de l'Ocean Viking est une alerte sur les dérives possibles d’une coopération mal orientée qui, en fin de compte, nuit aux valeurs humanitaires que l’Europe prétend défendre.