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Copropriétés : relever le défi de l'équipement en bornes de recharge pour voitures électriques

by Matthieu Dourtou
Copropriétés : Surmonter les enjeux de l'infrastructure de recharge pour véhicules électriques

Un vent mauvais souffle à Bruxelles sur l'interdiction des voitures thermiques à l'horizon 2025, mesure phare du Pacte Vert cher à Ursula von der Leyen. Depuis la rentrée, une petite musique monte, jouée par certains représentants des constructeurs et équipementiers dans un marché particulièrement morose. Rien qu'en France, le marché automobile a chuté d'un peu moins de 8 % sur les six premiers mois de l'année. Entre retraits de mesures (comme l’abandon des zones à faibles émissions) et instabilité politique (les ménages épargnent davantage et repoussent leurs achats), nous subissons des circonstances aggravantes. L'électrique, pour sa part, peine toujours à s'imposer, stagnante autour de 17,6 % de part de marché. Et ce ne sont pas les constructeurs européens qui vont en profiter, mais leurs homologues chinois. En effet, ces derniers, voyant leur propre marché en surchauffe, continuent d'envahir l'Europe. À chaque fois, un train de retard : lorsque l’Europe met en place des mesures pour soutenir ses propres fabricants, les Chinois ouvrent des usines sur le vieux continent. L'hybride échappe à ces restrictions ? Ils s'y engouffrent, et leurs ventes ont augmenté de 223 % depuis le début de l'année, représentant désormais plus de la moitié du marché automobile français. Le constat est sans appel : les constructeurs européens sont dans une position délicate.

EN BREF

  • Les ventes de voitures en France ont chuté de près de 8 % dans les six premiers mois de l'année.
  • La part de marché des voitures électriques stagne à 17,6 %, tandis que les hybrides explosent.
  • Les contraintes administratives freinent l'installation de bornes de recharge dans les copropriétés.

Alors que la France a le privilège de posséder le réseau de recharges électriques le plus développé d'Europe, il reste urgent d'améliorer la densité de ce même réseau dans les copropriétés. Actuellement, seules 4,26 % de ces dernières sont équipées de prises de recharge. Ce constat est d'autant plus surprenant qu'une loi, en vigueur depuis dix ans, impose déjà aux nouvelles constructions d’être pré-équipées en réseau électrique pour les places de parking, dès lors qu’elles prévoient plus de dix places. Cette obligation est étendue aux anciennes résidences, mais leur mise en conformité demeure complexe et insuffisamment respectée.

Un droit à la prise qui vire à l'imbroglio administratif

Conçu comme une simplification, le "droit à la prise" permet en théorie à un foyer d’installer une borne de recharge sans nécessiter l'accord des autres copropriétaires. Toutefois, dans la réalité, ce processus se module en un véritable parcours du combattant. La procédure inclut plusieurs étapes délicates :

  • Demande d'un devis à un installateur agréé
  • Fourniture du plan technique et du schéma de raccordement au propriétaire (pour les locataires)
  • Notification au syndic par lettre recommandée, avec un délai de trois mois pour s’y opposer
  • Présentation en assemblée générale du projet pour information
  • Mise en relation du syndic et des prestataires, avec la nécessité d'une convention définissant les conditions d’intervention

Comme le souligne Zineb Essahli, directrice de la Stratégie et de la Transformation chez G7, un demandeur peut attendre une année, voire deux, entre le début des démarches et la réalisation des travaux. De surcroît, l’intégralité des coûts est à sa charge. En ajoutant que si l'emplacement de la prise est partagé, le droit à la prise ne s'applique pas, on comprend pourquoi tant de copropriétaires abandonnent l'idée d'installer une borne.

Face à cette situation, la compagnie de taxis G7, engagée dans un verdissement de sa flotte depuis 2007, a décidé d’accompagner ses chauffeurs dans cette jungle administrative. En seulement cinq ans, la part des véhicules électrifiés au sein de leur flotte est passée de 40 % à 95 %, principalement avec des hybrides. Selon Zineb Essahli, l'offre en voitures électriques a longtemps été limitée à de petites citadines ou à des SUV dont l’autonomie ne convenait pas aux besoins quotidiens des chauffeurs de taxi, qui parcourent en moyenne 300 kilomètres par jour.

Former les chauffeurs de taxis

La situation économique devient plus favorable pour les chauffeurs s'ils peuvent recharger leur véhicule à domicile, leur permettant ainsi d’économiser jusqu'à 300 euros par rapport au coût d’une version thermique. Toutefois, la moitié d'entre eux réside en logement collectif, ce qui complique considérablement le processus de recharge. G7 a donc mis en place un programme de formation à destination de ses chauffeurs, en les orientant au-delà des simples aspects techniques. Leurs téléconseillers contactent les chauffeurs environ deux ans avant la date de renouvellement de leur véhicule — qui intervient tous les cinq ans — et leur fournissent des guides et des conseils pour anticiper les interventions auprès des syndics et des assemblées générales.

Cette initiative vise à défricher le terrain complexe des aides disponibles et des crédits d’impôt, tout en facilitant les démarches administratives. À ce jour, plus de 120 chauffeurs bénéficient d'un système d’accompagnement, incluant l'utilisation d'un chatbot qui les aide à naviguer parmi les nombreuses options et configurations possibles. En somme, une initiative essentielle pour sortir du dédale administratif et soutenir la transition énergétique des taxis.

Le vent du changement souffle sur le marché automobile, mais encore faut-il que les acteurs s’adaptent aux nouvelles réalités économiques et législatives. Les futurs défis seront nombreux, mais les opportunités de verdissement de la flotte sont là, à condition de lever les obstacles qui continuent de freiner cette évolution.

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