Home ActusNews Automobile : les constructeurs européens face à la domination chinoise, l'issue est-elle scellée ?

Automobile : les constructeurs européens face à la domination chinoise, l'issue est-elle scellée ?

by Matthieu Dourtou
Automobile: Can European Manufacturers Overcome China's Dominance?

Un vent mauvais souffle à Bruxelles concernant l’interdiction des voitures thermiques à l’horizon 2025, une mesure emblématique du Pacte Vert défendu par Ursula von der Leyen. Depuis la rentrée, certaines voix au sein des constructeurs et équipementiers se font entendre, témoignant d'un marché en difficulté. En France, le marché automobile a enregistré une chute de près de 8 % au cours des six premiers mois de l'année. Entre rétropédalages sur les zones à faibles émissions (ZFE) et l’instabilité politique, les ménages adoptent une posture d’épargne qui retarde leurs projets d’achat. Parallèlement, le segment des véhicules électriques ne parvient pas à s’imposer, stagnante avec une part de marché de seulement 17,6 %. Les principaux bénéficiaires de cette situation ne sont pas européens, mais bien chinois. Alors que ces derniers voient leur propre marché s'épanouir, ils continuent à inonder l'Europe.

EN BREF

  • Les fabricants de voitures thermiques font face à une forte pression en Europe.
  • Les marques chinoises renforcent leur présence sur le marché européen.
  • Le segment des véhicules électriques reste en stagnation malgré la demande croissante.

Dans ce contexte, les constructeurs chinois ne cessent d'accélérer. Leur part de marché au sein de l'Union européenne et au Royaume-Uni a presque doublé au premier semestre de 2023, atteignant 5,1 %, avec des volumes de ventes qui ont augmenté de 90 %, selon le cabinet d’études Jato. BYD, Jaecoo, Omoda (marques du groupe Chery), Leapmotor et XPeng sont en tête de cette compétition féroce. BYD, notamment, se positionne comme le premier concurrent de Tesla, affichant une incroyable hausse de 311 % de ses ventes sur un an, tandis que XPeng enregistre une progression de 328 %.

La présence remarquable de ces marques au salon automobile de Munich en septembre dernier a été particulièrement surveillée, avec quatorze marques chinoises exposant leurs nouveautés face à dix constructeurs européens. Selon Jamel Tangaza, directeur du cabinet Inovev, "l'enjeu dépendra de leur capacité à rivaliser en termes de prix et de technologie".

Une maîtrise totale de la chaîne

"Les constructeurs chinois sont des compétiteurs sérieux. En vingt-cinq ans, ils ont pris le temps d’innover et ont choisi dès le début de travailler sur les véhicules électriques, maîtrisant toute la chaîne de production," explique Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem. Leur potentiel de croissance est accentué par le souhait européen de passer au tout électrique, qui contraste fortement avec la position plus conservatrice des États-Unis sur les énergies fossiles. Les Chinois adoptent une approche à long terme, différent de celle des Européens, particulièrement inadaptée à la rapidité des changements du marché mondial.

Flavien Neuvy souligne qu’ "aucun constructeur européen n’était présent au Mondial de l’Auto en 2022, laissant ainsi la place aux nouveaux venus pour se faire connaître". Les Chinois, conscients de l'importance de préserver leur image de marque, n'attaquent pas le marché avec des prix cassés. Leur réputation s’est bâtie sur des véhicules équipés d’une technologie de pointe, avec des gammes simples et de qualité, offrant une excellente autonomie et des temps de recharge réduits.

Un succès qui se confirme dans l’Hexagone

En France, XPeng a démarré ses opérations en septembre dernier et affiche déjà plus de 2 000 immatriculations au cours du premier semestre. Selon Thomas Rodier, directeur marketing de la marque, "nous devrions dépasser notre objectif de 3 600 ventes cette année". Le succès semble être au rendez-vous : un essai sur deux de leurs voitures se transforme en commande. Le réseau de XPeng est d'ores et déjà rentable.

Les modèles phare G6 et G9 ont été renouvelés, bénéficiant de batteries LFP qui réduisent le temps de charge. De plus, une berline P7 + et un SUV accessible verront le jour en 2026. De son côté, BYD prévoit de lancer sa Dolphin Surf à moins de 20 000 euros. Les droits de douane, jugés trop contraignants, semblent avoir peu d'impact sur leur stratégie d’implantation en Europe. Des usines, comme celle de BYD en Hongrie, avec une capacité de production de 150 000 véhicules par an, témoignent de leur engagement sur le Vieux Continent.

En réaction à cette compétition, les Européens commencent à produire des véhicules électriques dans des pays à moindre coût. Par exemple, la Citroën ëC3 et la Fiat Grande Panda sont fabriquées en Serbie, tandis que les modèles ID Polo et Cupra Raval de Volkswagen sont issue d'Espagne. Cette dynamique suscite une adaptation stratégique significative dans l'industrie automobile européenne, augmentant la prolifération des véhicules chinois sur le marché.

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