Les dirigeants politiques français souffrent d’un mal étrange : une forme d’hémiplégie économique. Cette incapacité chronique à envisager le monde et la politique macroéconomique autrement que de façon binaire est de plus en plus manifeste. Les récentes querelles budgétaires ont mis en lumière ce constat, où la gauche a réalisé un véritable hold-up sur les discussions, concentrant le débat sur le volet recettes du budget, c’est-à-dire sur les impôts.
EN BREF
- La politique économique actuelle se cantonne à des débats sur les augmentations d'impôts.
 - Le creusement des déficits et de la dette exige un examen urgent des dépenses publiques.
 - Un travail de pédagogie est nécessaire pour mieux préparer les enjeux économiques pour la prochaine présidentielle.
 
Dans ce contexte, les propositions telles que la taxe Zucman sur les ultra-riches, une surtaxe sur les multinationales, ou le relèvement de l’imposition des revenus du capital, ont dominé les discussions. Cependant, il est frappant de constater qu'il n'y a eu presque aucune réflexion sur les dépenses. L’évaluation de l’efficacité de l’argent public, ainsi que la viabilité de notre modèle social, jugé trop coûteux par rapport à ceux de nos voisins, n’ont pas été abordées de manière satisfaisante.
Un creusement affolant des déficits et de la dette
En analysant cette situation, il apparaît que la politique de l’offre du président Emmanuel Macron, bien qu’ayant pour ambition d'augmenter durablement le potentiel de croissance du pays, a échoué à atteindre cet objectif. La raison ? Les gouvernements successifs ont allégé la pression fiscale sans procéder aux ajustements nécessaires en matière de dépenses. Les résultats sont préoccupants, avec un creusement des déficits et de la dette national qui atteint des proportions alarmantes.
Ce paradoxe est d’autant plus surprenant venant de l'initiateur du slogan "en même temps", un principe censé incarner une réponse équilibrée aux défis contemporains. Tout comme la relance socialiste de 1981 s’est heurtée à la réalité du marché et à la question cruciale de la compétitivité, la politique macroniste semble avoir buté sur les l’importante question de notre modèle social et la promesse du ruissellement économique. La dissolution ratée de l'Assemblée nationale, couplée à une chambre haute fragmentée, a rendue plus difficile la mise en lumière des enjeux économiques pressants.
Le chemin est donc semé d'embûches pour la France, qui doit impérativement entamer un travail de pédagogie pour préparer les électeurs aux défis économiques qui se profilent à l'horizon. La prochaine présidentielle devrait être l’occasion de poser ces débats cruciaux, faute de quoi le pays risque de dégringoler encore davantage dans ses difficultés économiques.
À l’heure où les débats se concentrent sur une taxation accrue, il est primordial de s’interroger sur les réelles causes des déséquilibres économiques et d’engager un dialogue constructif sur les choix de dépense publique. Car sans une réflexion approfondie, les enjeux de demain pourraient être mal adressés, laissant la France dans une impasse financière.