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Pétroliers russes sous sanctions : la pollution des eaux européennes persiste

by Matthieu Dourtou
Impacts Persistants : Pollution des Eaux Européennes malgré les Sanctions sur les Pétroliers Russes

La flotte de navires clandestins qui permet à la Russie d’exporter son pétrole en contournant les sanctions occidentales, n’en finit plus de défrayer la chronique. Ces dernières révélations soulignent une fois de plus les défis auxquels font face les gouvernements européens pour limiter l'impact de ces opérations sur l'environnement, et pour assurer que les mesures de sanctions soient réellement efficaces.

EN BREF

  • La Russie continue d'exporter illégalement son pétrole malgré les sanctions occidentales.
  • Des dizaines de navires sont toujours actifs, contournant les restrictions grâce à des pratiques adaptées.
  • Les risques environnementaux liés à ces transports clandestins suscitent de vives préoccupations.

Selon une enquête du site américain Politico, au moins cinq pétroliers de l’armée russe, déjà sous sanctions, ont continué à naviguer sans entrave dans les eaux européennes. Des images satellites fournies par l’ONG SkyTruth montrent des nappes de pétrole à la surface, illustrant ainsi la difficulté pour les États occidentaux d’entraver efficacement ces exportations, tout en prévenant les catastrophes écologiques majeures.

Un phénomène préoccupant

La "flotte fantôme" utilisée par la Russie, ainsi que par l'Iran et la Corée du Nord, pour transporter du pétrole en évitant les sanctions pourrait compter environ 900 à 1 300 navires selon les estimations, avec près de 444 d'entre eux déjà répertoriés sur la liste noire de l'Union Européenne. Cette flotte, bien qu'en théorie bannie des eaux contrôlées par les Européens, semble naviguer avec une impunité troublante. Richard Meade, un expert de la société d’analyse maritime Lloyd’s List Intelligence, souligne que cette situation témoigne d’une faille significative dans l’efficacité des sanctions :

“Les navires, qu’ils soient sanctionnés ou non, trouveront toujours des moyens de commerce.”

Récemment, un pétrolier de la flotte fantôme a été arraisonné par la marine française. Cependant, il a repris la mer le même jour, quelques heures après une déclaration d’Emmanuel Macron, qui appelait à une "politique d’entrave" renforcée contre ces navires. Le président a souligné que le commerce lié à cette flotte rapportait plus de 30 milliards d’euros à la Russie, alimentant ainsi une part significative de son effort de guerre contre l’Ukraine.

Les enjeux environnementaux

L’expertise dans le domaine révèle que l’état de délabrement de certains des pétroliers de cette flotte les rend plus vulnérables aux accidents, ce qui augmente le risque de déversements polluants. En raison des sanctions, ces navires naviguent souvent sous-assurés, ce qui pose un danger non seulement pour les eaux, mais aussi pour les côtes européennes. Un important déversement causé par un de ces navires pourrait engendrer des coûts de nettoyage pouvant atteindre jusqu'à 1,4 milliard d’euros, une somme qui serait probablement à la charge des contribuables.

“La flotte fantôme est la tentative désespérée de Poutine de maintenir ses profits en contournant les normes de sécurité.”

Ce constat a été formulé par un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères. Dans le cadre du 19e paquet de sanctions de l’UE, la Commission européenne a proposé d'ajouter 118 nouveaux navires russes à sa liste noire. Ceci témoigne d’un besoin urgent d'adapter les stratégies de sanctions et de considérer l’ensemble de la chaîne de valeur du transport de pétrole, comme l’a souligné le ministre finlandais de l’Énergie, Sari Multala.

Face à l’intrusion de ces navires près des côtes françaises, Emmanuel Macron a annoncé une intention de renforcer les actions militaires conjointes avec le soutien de l’Otan pour protéger les intérêts européens.

Cet enchevêtrement de pratiques clandestines et de risques environnementaux met en lumière l'urgente nécessité de repenser non seulement les sanctions, mais aussi les protections écologiques nécessaires pour éviter une catastrophe écologique, tout en répondant à la menace posée par ces exportations illicites.

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