La France traverse une crise gouvernementale, parfois qualifiée de crise de régime. Les réflexions sur la renaissance industrielle du pays ont suscité de nombreuses auditions et la révision de projets politiques en vue de la présidentielle de 2027. Le constat est simple : ces initiatives peinent à convaincre, souvent jugées éloignées des défis contemporains, notamment ceux liés à la circularité et à la souveraineté.
EN BREF
- La France traverse une crise gouvernementale sans précédent.
- Les projets politiques en cours ne répondent pas aux enjeux actuels.
- Un appel à un gouvernement inclusif, au-delà des partis, est lancé.
Un constat alarmant se dessine : la majorité des limites planétaires ont été franchies, tandis qu'une guerre se profile aux portes de l'Europe, mettant notre continent en retrait sur les plans technologique et numérique. Le monde d’aujourd’hui est régulé par des accords fondés sur la puissance, plutôt que par des compromis diplomatiques qui ont pourtant été le socle de notre multilatéralisme.
Face à une telle réalité, le projet collectif de la nation doit nécessairement évoluer. S'accrocher aux croyances des années 1990 ou à une gouvernance mondiale idéalisée ne suffira pas. Il est indispensable d'explorer des pistes nouvelles, car ni ma génération, ni celles qui ont suivi n'ont su s'aventurer vers d'autres horizons.
Sommes-nous alors dans l'impasse ?
Il semblerait que oui, mais cela pourrait n'être qu'une phase temporaire. Les partis politiques, en particulier ceux de l’arc républicain, sont aujourd'hui désorientés, peinant à s’adapter à un environnement en pleine mutation. Ce désarroi conduit ces formations à rechercher des figures charismatiques, à la manière gaullienne, dans l'espoir d'une personne providentielle qui pourrait redresser la barre.
Néanmoins, cette quête semble illusoire, surtout après les récentes déceptions électorales. La question se pose : combien de personnes ont réellement cru et combien d'entre elles ressentent aujourd'hui une colère ou une déception vis-à-vis des élus ? Une alternative pourrait émerger en formant un gouvernement rassemblant des personnalités issues de la société civile et économique, sans attache politique directe et sans volonté immédiate de conquête du pouvoir.
Ces individus, armés de leurs convictions, pourraient transcender les discours dominants et engager un dialogue constructif sur les défis de notre époque, en créant des liens de solidarité entre les diverses composantes de la nation.
Monti et Draghi nous ont montré un chemin
Si l'idée d'un collectif sans affiliation politique semble audacieuse, elle n'est pas sans précédent dans notre histoire. Le Conseil national de la Résistance, par exemple, a élaboré un programme varié qui rassemblait différentes voix.
Cette structure collective forgera des solutions sur des sujets cruciaux, qu'il s'agisse de la gestion budgétaire ou de thèmes consensuels tels que la réindustrialisation ou l’éducation. Nous ne devons pas minimiser le rôle des partis politiques dans notre démocratie, comme le souligne notre Constitution. Néanmoins, à ce jour, il apparaît essentiel de rechercher un nouveau souffle, une voie nouvelle qui permette à la nation de respirer et d'avancer.
Olivier Lluansi, professeur au Cnam et auteur de "Réindustrialiser, le défi d'une génération", nous invite à repenser notre approche. Car, en définitive, c'est en fédérant nos forces vives que nous serons capables de construire une vision collective à même de répondre aux enjeux contemporains de notre pays.