Augmentation de la CSG : vers une réforme délicate des retraites
L’Assemblée nationale a adopté, ce mercredi 5 novembre, un amendement prévoyant une augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), ciblant principalement les revenus du capital. Cette initiative, portée par les socialistes, a pour objectif de financer la suspension de la réforme des retraites.
EN BREF
- La CSG augmente de 1,4 point, générant 2,8 milliards d'euros supplémentaires en 2026.
- Une coalition de députés de gauche et certains macronistes ont soutenu l'amendement.
- Les mesures proposées incluent le rejet d’un gel du barème CSG et une surtaxe sur les mutuelles.
La CSG, qui est un des mécanismes de financement de notre système de protection sociale, est prélevée non seulement sur les salaires et les retraites, mais également sur les revenus du capital. L’amendement proposé par Jérôme Guedj (Parti socialiste), et soutenu par de nombreux membres du gouvernement, vise à relever cette taxe de 9,2 % à 10,6 %. Cette mesure est censée rapporter la modique somme de 2,8 milliards d'euros pour l’année 2026.
Les revenus touchés par cette nouvelle taxation incluent ceux issus de l’immobilier, de l’épargne, des placements (tels que les produits des contrats d'assurance-vie, les dividendes, et l’épargne salariale) ainsi que les plus-values des ventes d'actions. Mais l’adoption de cette mesure a révélé des tensions au sein de la gauche. Un premier vote défavorable sur un amendement similaire a mis en lumière les divisions qui agitent le paysage politique.
Une dynamique politique fragile
Le soutien des socialistes ne s'est pas fait sans difficultés. Alors que plusieurs députés de la majorité ont rejoint les rangs de la gauche pour faire passer cette mesure, d'autres, représentés par les partis de droite comme Les Républicains (LR) et le Rassemblement national (RN), ont vigoureusement contesté l'initiative. Laurant Wauquiez, leader des députés LR, a dénoncé une taxation injuste qui pèse sur le patrimoine, en particulier sur des instruments comme l'assurance-vie ou les Plans Épargne Logement (PEL).
Les socialistes, pour leur part, plaident que cette nouvelle hausse ne toucherait en réalité que les dividendes des actionnaires. Jérôme Guedj a avancé que, par exemple, un PEL, dont le montant moyen est environ de 25 000 euros en France, représenterait une augmentation réduite à seulement 50 centimes par mois pour les épargnants.
Les votes et les réactions
L'amendement a été adopté par un vote final de 168 voix contre 140. Ce résultat a mis en avant une alliance pragmatique entre les socialistes et une frange des députés macronistes, même si la droite a exprimé son désaccord en bloc. Le RN a qualifié cette mesure de "financement des magouilles" entre le PS et le gouvernement, en arguant qu'elle n'allait pas protéger les classes populaires.
Une autre mesure a également été largement rejetée par 234 voix contre 61 : le gel du barème de la CSG, qui aurait eu des conséquences directes sur les retraités et les allocataires divers en les déplaçant vers des tranches taxées plus haut.
En parallèle, l’Assemblée a également opposé son veto à une surtaxe sur les mutuelles. Cette initiative, envisagée pour financer partiellement la suspension de la réforme des retraites, a suscité des réactions houleuses, décrite par ses opposants comme une mesure qui aurait inévitablement pénalisé les malades et les assurés sociaux.
Les débats autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale devraient ressurgir dans les jours prochains, avec une date limite de vote fixée au 12 novembre. Ces nouvelles mesures illustrent les tensions croissantes et les débats idéologiques entre les différentes forces politiques françaises.
Alors que les débats se poursuivent à l’Assemblée, une atmosphère d’incertitude entoure les réformes potentielles. L’approche adoptée par le gouvernement et les forces d'opposition est un paramètre à surveiller de près, car chaque voix et chaque vote peuvent influer sur la direction des futures politiques économiques et sociales en France.