Home ActusNews Stéphane Bou et Bruno Karsenti : l'indifférence face aux meurtres près d'une synagogue à Manchester

Stéphane Bou et Bruno Karsenti : l'indifférence face aux meurtres près d'une synagogue à Manchester

by Matthieu Dourtou
Silent Shadows: The Overlooked Murders Near Manchester's Synagogue

Deux ans après le 7 octobre 2023 : Réflexions sur le conflit israélo-palestinien

Fondée en 2021 par des universitaires soucieux d'analyser la <>situation des juifs en Europe<> et la montée de l'<>antisémite<>, la revue K a été fortement impactée par le 7 octobre 2023. Ce magazine en ligne, aux valeurs de centre-gauche et progressistes, défendait le projet sioniste tout en critiquant la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou et la droite messianique israélienne. Les deux ans qui ont suivi ce jour tragique ont vu les rédacteurs de la revue, Stéphane Bou et le philosophe Bruno Karsenti, s'interroger sur la difficile quête d'une <>ligne de crête<> au milieu de disputes hautement polarisées.

EN BREF

  • Le 7 octobre 2023 a marqué un tournant dans la perception du sionisme et de l'antisémite.
  • Trois lignes de pensée opposées sont apparues au sein du débat public.
  • Les évolutions géopolitiques pourraient offrir un nouvel espoir pour la paix au Proche-Orient.

À l'occasion de cet anniversaire, le rédacteur en chef Stéphane Bou soulève la complexité de la ligne défendue par la revue K. En effet, le choc des événements du 7 octobre a brutalement fait émerger des thèmes qui étaient déjà au cœur de leur réflexion, tels que le déploiement de l'antisémite à l'extrême gauche et la rivalité entre la mémoire post-Shoah et une mémoire décoloniale.

Bruno Karsenti aborde les différentes interprétations qui se sont développées depuis cet événement. Selon lui, trois grandes lignes de pensée ont émergé :

  • La première considère que l'attaque du Hamas représente un islamisme visant non seulement Israël, mais aussi l'ensemble de l'Occident.
  • La seconde interprétation voit dans cet acte une manifestation de la lutte de libération palestinienne contre le colonialisme.
  • Enfin, une troisième tendance, plutôt hésitante, reconnaît les implications antisémites de cette attaque, tout en se préoccupant des actions militaires d'Israël à Gaza.

Durant ces deux années, la polarisation a atteint des sommets, et les tensions entre ces différentes perspectives ont rendu le dialogue presque impossible. Stéphane Bou mentionne un doublement du lectorat de la revue K en réponse à une demande de débats moins manichéens que ceux principalement diffusés dans les médias traditionnels.

« Il est essentiel de dénoncer le développement de la politique militaire à Gaza tout en réfutant les accusations de génocide portées contre Israël, » déclare Stéphane Bou. Ce paradoxe représente un défi constant pour la revue.

Une question d'actualité se pose : l'accusation de génocide, initialement perçue comme inadéquate, a-t-elle gagné en crédibilité face à la radicalisation du gouvernement israélien ? Bruno Karsenti répond : <>Ce terme doit être analysé dans le contexte plus large de la montée de l'antisémite en Europe, qui n'a pas attendu la guerre à Gaza pour se manifester.<>

Au milieu de cette crise, les juifs européens se sont aussi divisés sur leur approche du gouvernement israélien. Alors que certains cherchent d’abord à préserver l’unité juive, d'autres craignent les conséquences de cette orientation sur leur sécurité et leur place dans le monde. Le phénomène du <>vote juif<> reflète plus largement les clivages au sein de la société française, marquée par une forte tendance vers l'extrême droite.

Les deux dernières années ont également révélé une Europe tiraillée entre la défense de ses valeurs libérales et la montée des nationalismes. Cela a contribué à reconfigurer les discours sur le 7 octobre, oscillant entre la perception d'une frontière de civilisation contre l'islam et une auto-analyse critique des colonisations passées. C'est au beau milieu de ces tensions que se trouvent les juifs européens, cherchant leur identité dans un environnement de plus en plus complexe.

En guise d'espoir, Stéphane Bou évoque la société civile israélienne qui s'oppose à la politique de Netanyahou. Au-delà des tensions internes, l'évolution du monde arabe pourrait aussi jouer un rôle crucial dans la construction d'un état palestinien stable. Il souligne l'importance de l'Arabie Saoudite en tant qu'acteur potentiel dans cette dynamique.

Alors que le monde semble profondément divisé, les propositions pour un avenir pacifique continuent d'émerger, nourrissant l'espoir d'évolutions politiques à venir dans une région riche en contradictions et en aspirations. Ces deux années, bien qu'elles aient été marquées par des épreuves, pourraient aussi ouvrir la voie à une nouvelle ère de dialogue et de compréhension, tant pour les juifs que pour les palestiniens.

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