Quelque soit le secteur où ils exercent, les professionnels de santé classés comme « rentiers » se heurtent à une image négative en France. En effet, cette désignation, souvent perçue comme péjorative, a été horriblement utilisée par Emmanuel Macron lors de son mandat, exprimant son mépris pour ceux qu'il a qualifiés de « castes » et de « rentes ». Pourtant, le terme apparaît dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, et fait l'objet de vives critiques.
EN BREF
- Le projet de loi vise une réduction des dépenses de santé de 350 millions d'euros d'ici 2026.
- Les radiothérapeutes et biologistes sont particulièrement visés en raison de leur rentabilité jugée excessive.
- Des tensions croissantes entre le gouvernement et les syndicats médicaux anticipent des actions concrètes, comme des fermetures de cabinets.
Ce projet de loi, qui correspond à une tentative manifeste de réévaluation et de réglementation des tarifs professionnels, vise à limiter les frais jugés excessifs dans le domaine médical. Des propositions évoquent spécifiquement une réduction des tarifs des professions médicales, notamment pour les radiothérapeutes et biologistes, si aucun accord n'est atteint avec les syndicats concernés. Cela soulève de nombreuses questions sur le rapport entre le gouvernement et les médecins, en particulier en ce qui concerne les pratiques tarifaires.
Les radiothérapeutes et les biologistes sous les projecteurs
Le rapport « Charges et produits » de l'Assurance maladie pour 2025 met en lumière plusieurs spécialités médicales, citant les radiothérapeutes dont le taux de rentabilité s'élève à 21%. Les biologistes ne sont pas épargnés, avec une rentabilité de 18,7%, tandis que les audioprothésistes sont à 15,8%. En comparaison, la rentabilité moyenne des entreprises en France, selon l'Insee en 2022, est de 7,8%. Ces chiffres ont fait réagir la profession. Le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération des radiologues, a déclaré : « Nous contestons ces données, qui ne prennent pas en compte nos investissements significatifs ».
Les revenus des unités de biologie médicale ont connu une augmentation notable. Par exemple, leur chiffre d'affaires moyen est passé de 13,9 millions d'euros en 2018 à 28,8 millions d'euros en 2022, tandis que pour la radiologie, la progression a été de 3,5 millions à 4,9 millions d'euros sur la même période. Face à ces augmentations, l'Assurance maladie annonce un effort pour mettre en place une régulation plus stricte des tarifs médicaux.
La colère des médecins spécialisés
Ce mardi 10 novembre, des radiologues appelés à fermer leurs cabinets en réaction à cette désignation de « rentiers » font sentir une tension palpable entre la profession et les instances gouvernementales. Le Dr Patrick Gasser, président du syndicat Avenir Spé, s'insurge : « Nous ne sommes pas des rentiers. Nous travaillons entre 40 et 70 heures par semaine, et avons investi beaucoup dans notre matériel ». Cette utilisation du terme « rente » est accusée d'être déconnectée de la réalité des professionnels concernés.
De plus, le Dr Gasser rappelle que ces spécialistes ne bénéficient pas des mêmes protections sociales que d'autres travailleurs et que leurs congés payés ne sont pas garantis. Les médecins en colère espèrent que cette proposition ne passera pas au Parlement, se trouvant ainsi continuellement sur la sellette.
Les défis du dépistage médical
Le Dr Jean-Philippe Masson insiste également sur un point essentiel. Selon lui, les radiologues jouent un rôle crucial dans la détection précoce des cancers. « Nous ne vivons pas de nos rentes. Notre travail est essentiel pour le système de santé », déclare-t-il, tout en ajoutant que l'accent mis sur leurs revenus ne tient pas compte du bénéfice global pour la société. Ainsi, détourner les budgets pourrait nuire aux efforts de prévention et engendrer des coûts supplémentaires à long terme pour l'Assurance maladie.
La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a reconnu que le passage de cet article pourrait être révisé, sans toutefois indiquer la direction que prendra cette réforme. Il reste à voir comment cette situation évoluera, mais la situation est indéniablement délicate. Comment le gouvernement trouvera-t-il un équilibre entre des dépenses de santé croissantes et la reconnaissance du travail des médecins spécialisés ?
Les médecins continuent de demander des négociations conventionnelles avec le gouvernement, témoignant que ce débat sur les « rentes » illustre des réalités plus complexes, tant économiques que sociales, au cœur du système de santé français.