Le colloque controversé sur la Palestine au Collège de France
Ce jeudi 13 novembre, à 8h15, une ambiance mêlant impatience et incompréhension règne devant le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (Carep). Une cinquantaine de personnes patientent dans une file d’attente, conscientes que seules 35 d’entre elles pourront entrer, selon les avertissements d'un agent de sécurité. L'attente est liée à la tenue du colloque scientifique intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines », un événement dont l’organisation a récemment fait l’objet de polémiques.
EN BREF
- Un colloque sur la Palestine provoque des tensions au Collège de France.
- Henry Laurens et plusieurs chercheurs de renom participent à l'événement.
- Des questions de liberté académique émergent après l'annulation initiale du colloque.
Par petits groupes, les personnes dans la file échangent des idées et des préoccupations. Parmi elles, des chercheurs de divers horizons, tous impliqués dans des institutions académiques prestigieuses de Londres, Madrid, Amsterdam, Montréal, Rome et Bruxelles. L’arrivée d'Henry Laurens, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, n’a pas apaisé les craintes. Celles-ci se lisent sur les visages des participants, interrogés notamment sur les raisons ayant conduit à l’annulation anticipée du colloque.
« Comment un lieu de savoir peut-il ainsi se refermer comme une huître sous la pression d’un article du Point puis d’un ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche ? », s’interroge un couple de retraités. Cette question soulève le débat sur la liberté académique, qui semble mise à mal dans ce contexte tendu.
Il est essentiel de comprendre qu’un tel colloque représente non seulement un espace de débat intellectuel, mais aussi un lieu d'échanges d'idées souvent controversées. Beaucoup des intervenants venus d'horizons divers ont souhaité contribuer à une discussion enrichissante sur les enjeux contemporains liés à la Palestine et à son histoire. Pourtant, l’interdiction, même temporaire, de cet espace de libre expression a suscité des inquiétudes sur la façon dont les institutions académiques sont gouvernées.
L’ombre de la censure plane sur cette rencontre. L'annulation initiale avait déjà alimenté les débats, signalant un malaise profond autour de la discussion des questions sensibles, souvent évitées dans des contextes académiques. Les universités, par leur rôle de veilleur de la pensée critique, doivent elles aussi naviguer dans un climat de plus en plus hostile à certaines idées, comme nous le rappelle cet événement.
Soulignons que d'autres colloques et conférences sur des sujets similaires ont déjà connu des annulations. Ce phénomène ne semble pas isolé, et la question de savoir si les chercheurs peuvent aborder la Palestine sans crainte de répercussions se pose avec acuité. Paradoxalement, l'annulation de cet événement pourrait bien servir de catalyseur à une prise de conscience plus large au sein de la communauté académique et du grand public.
Alors que les premiers intervenants prennent la parole, on ne peut s'empêcher de penser que ce colloque pourrait devenir un lieu non seulement d’échanges d'idées, mais aussi de réflexion sur notre capacité collective à accueillir la diversité des opinions. En fin de compte, l’avenir des discussions académiques sur des sujets sensibles dépendra peut-être de la volonté des institutions de défendre leur indépendance et leur intégrité intellectuelle.