Home ActusNews COP30 au Brésil : quel héritage pour Raoni, figure emblématique de la défense de l'Amazonie ?

COP30 au Brésil : quel héritage pour Raoni, figure emblématique de la défense de l'Amazonie ?

by Matthieu Dourtou
Raoni et l'Avenir de l'Amazonie : Héritage de COP30 au Brésil

Raoni Metuktire : un symbole de la lutte pour l'Amazonie

Le message du chef kayapo, qui lie le destin des peuples autochtones à celui de l'humanité toute entière, s'avère être l'un des enseignements majeurs de la 30e conférence de l'ONU sur le changement climatique, qui s'est tenue à Belém, près de l'embouchure du fleuve Amazone.

EN BREF

  • Raoni Metuktire, icône de la lutte pour la défense de l'Amazonie, a consacré sa vie à la protection des droits des peuples autochtones.
  • Ses efforts ont conduit à une meilleure reconnaissance du rôle des gestionnaires autochtones dans la préservation des forêts.
  • La 30e conférence de l'ONU lui a donné une visibilité mondiale sans précédent, rassemblant des acteurs autour de la cause autochtone.

Le cacique Raoni Metuktire a passé près de cinquante ans à défendre la forêt amazonienne. Sa représentation visuelle, coiffé de plumes d'aras jaunes et noires, symbolise une lutte qui semble lointaine mais est d'une importance cruciale pour notre avenir commun. À l’aube de la 30e conférence de l'ONU sur le changement climatique, organisée au Brésil du 10 au 21 novembre, Raoni voit enfin le monde venir à lui, plutôt que l’inverse.

La lutte pour la protection de l'Amazonie est plus que jamais d'actualité. Récemment, un rapport du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a établi une correlation entre la gestion autochtone des terres et la réduction des émissions de carbone dans le bassin amazonien. Les pratiques ancestrales des peuples de la forêt, longtemps ignorées, sont désormais érigées en modèle de durabilité.

Pour mieux appréhender l’héritage de Raoni, Gert-Peter Bruch, réalisateur et ami, souligne qu’il représente beaucoup, non seulement pour son peuple mais pour l'humanité dans son ensemble. "Les forêts encore intactes, protégées par Raoni, se distinguent, telles des îles vertes dans un océan de destruction", explique-t-il, insistant sur l'importance de maintenir une étroite vigilance face aux menaces qui pèsent sur ces écosystèmes.

Un parcours de résistance

Né dans les années 1930 dans une communauté semi-nomade de la vallée du Xingu, Raoni a été contacté pour la première fois par des “Blancs” à l'âge de 20 ans. Il a été choisi par son peuple pour les représenter, se liant d'amitié avec les frères Villas-Boas, ethnologues brésiliens qui œuvrent pour faire entendre la voix des autochtones. Au début des années 1970, alors que la dictature brésilienne s’attaque aux ressources de la forêt pour des projets de développement, Raoni se dresse en résistance.

Sa lutte se double d’une dimension diplomatique. Il parvient à établir un dialogue entre les autochtones et le gouvernement brésilien, tout en se battant avec vigueur contre les fazendas, fermes qui envahissent les terres des Kayapo. Raoni réussit à obtenir, suite à une prise d'otages, la restitution de 1 500 kilomètres carrés de forêt à son peuple en 1984.

Cette victoire le transforme en héros au sein de sa communauté et lui permet de devenir un porte-voix pour d'autres peuples autochtones. "Pour attirer l'attention du monde sur sa cause, il faut se rapprocher de personnalités importantes", estime Audrey Paranque, représentante de l'association Jiboiana.

Raoni fait alors appel à des personnalités telles que Sting, qui rejoignent sa lutte. En 1989, le chef kayapo et le chanteur britannique traversent le monde pour éveiller les consciences sur les dangers qui menacent l'Amazonie. Raoni martèle son message : "Nous, peuples autochtones, protégeons la nature pour le monde entier. Si nous disparaissons, vous disparaîtrez aussi."

Un héritage à préserver

En 2012, Raoni se fait entendre contre le projet de construction du barrage Belo Monte, mettant son crédit et sa voix au service de la préservation des forêts. À la COP21 à Paris, il participe à la création de l’Alliance des Gardiens de Mère Nature, une étape cruciale pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones sur la scène internationale.

Bien qu’aujourd’hui il devait confier à son entourage qu’il se sent affaibli, il demeure un symbole incontournable. Sa préoccupation pour les futures générations de caciques se traduit par un souhait de les voir bien préparés à défendre non seulement leurs terres, mais aussi leur culture et leur identité.

Alors que Raoni continue de recevoir dignitaires et célébrités dans son village, il devient évident que sa lutte pour la préservation de l'Amazonie ne se termine pas avec lui. Les nouvelles générations, bien que formées différemment, portent le flambeau de cette lutte collective qui s'épanouit au niveau national et international. Le message du chef kayapo reste d’une pertinence inégalée : écouter les peuples autochtones est vital pour garantir la survie des forêts et, par conséquent, de l'humanité tout entière.

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