Une véritable « prison du Moyen Âge ». C'est ainsi que l'écrivain algérien Boualem Sansal qualifie la prison d'El Harrach, située dans la banlieue est d'Alger. Récemment, Sansal a fait l'objet d'un transfèrement vers cet établissement, le 12 novembre, avant de s’envoler vers Berlin, symbole de sa nouvelle liberté. Les récits de ceux ayant purgé leur peine à El Harrach évoquent un univers à la fois déhumanisé et profondément inquiétant.
EN BREF
- La prison d'El Harrach est décrite comme une institution déshumanisante.
- Fondée au XVIIIe siècle, son histoire contribue à sa sinistre réputation.
- Boualem Sansal souligne le caractère archaïque des conditions de détention.
Considérée comme un vestige du passé, l'établissement n’a rien à envier aux prisons les plus notoires d'Amérique latine, telles que celles du Salvador ou du Brésil. La réputation d’El Harrach, souvent qualifiée d’Alcatraz algérien, repose sur des expériences vécues par ses anciens détenus, qui illustrent un quotidien marqué par l'horreur et l'indifférence à la souffrance humaine.
Une Histoire Ancrée dans le Temps
La prison d'El Harrach a été fondée au début du XVIIIe siècle, à l’emplacement d’un bordj construit en 1724 sur des marais insalubres. À l’époque, le site était utilisé pour abriter des écuries par un Dey d’Alger, tout en conservant un style architectural mauresque. Au fur et à mesure des décennies, ce lieu a été transformé en un pénitencier, reflétant les évolutions ainsi que les dégradations des doctrines pénales en vigueur à travers les âges.
Les conditions de détention ont peu évolué depuis cette époque, et les témoignages des anciens détenus montrent un environnement où règnent la violence et le mépris des droits humains. Ces récits font écho à une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : les *murs de bureau* et les décisions administratives répondent à une logique qui semble parfois rebuter toute forme d'humanité.
Une Vie en Côte de L’Inacceptable
Des anciens détenus rapportent des scènes de brutalités inacceptables, une violence institutionnelle qui déshumanise tous ceux qui y sont confrontés. Nombre d’entre eux décrivent des tortures psychologiques, des privations de liberté et un isolement qui accentuent la souffrance. Ces récits font encore écho derrière les murs, malgré la distance du temps.
Le témoignage de Boualem Sansal, ainsi que d'autres, soulève une interrogative fondamentale : comment une prison peut-elle maintenir sa fonction punitive sans priver les détenus de leur dignité humaine ? La réponse n’est pas simple et mérite d’être étudiée de près pour comprendre les implications sociales et psychologiques sur les individus.
Évoquer la prison d'El Harrach, c'est aussi mettre en lumière une partie de l'Algérie qui lutte encore pour sortir des ombres de son passé colonial et autocrate. C'est un appel au changement, une invitation à repenser le système pénal et à œuvrer pour une justice véritable qui respecte la dignité de chaque individu.
Ainsi, l'histoire de cette prison, emblème tragique d’une époque révolue, met en lumière les défis qui persistent pour les droits humains dans un pays en quête de son identité. Boualem Sansal et d'autres défenseurs des droits humains aspirent à un futur où la dignité et la liberté ne restent pas qu'un rêve lointain, mais deviennent une réalité palpable pour tous.