Dans l'obscurité d'un matin frais, le 21 novembre, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a fait une visite remarquée à la prison de la Santé, située dans le 14ème arrondissement de Paris. Il y a annoncé son ambitieux plan visant à éradiquer les téléphones portables des établissements pénitentiaires d’ici 2026. Ce programme, qui nécessite un investissement de 29 millions d'euros, se concentre sur le renforcement des mesures de sécurité pour limiter l'introduction de drogues et de téléphones au sein des prisons.
EN BREF
- Gérald Darmanin annonce un plan de 29 millions d'euros pour renforcer la sécurité des prisons.
- Le programme vise à éradiquer l'introduction de drogues et de téléphones.
- Les récentes affaires criminelles montrent l'impact des communications depuis l'intérieur des prisons.
À son arrivée, Gérald Darmanin a choisi de se caler sur les horaires de roulement du personnel, renforçant ainsi l'échange avec les agents. Dans une petite salle où il a rencontré environ une vingtaine d'agents, il a posé des questions précises sur la situation actuelle, s'enquérant notamment de la fréquence d'entrée des téléphones et des méthodes d'introduction, comme la projection depuis l’extérieur.
Créer une bulle autour de la Santé
La prison de la Santé bénéfice d'un emplacement stratégique, propice aux tentatives d'introduction d'objets depuis l'extérieur. La cour, lors de la visite du ministre, dévoilait un vis-à-vis direct avec un immeuble, facilitant ces pratiques illégales. De plus, l'école adjacente est souvent impliquée dans l'envoi d'objets à l'intérieur des murs.
Pour contrer ces activités, le plan proposé inclut plusieurs mesures. Parmi elles, on peut noter :
- La couverture des cours de promenade pour empêcher la réception de projections (1,2 million d'euros).
- L'installation de caillebotis renforcés aux fenêtres (4,4 millions d'euros).
- Des portiques à ondes millimétriques pour filtrer tout élément suspect à l'entrée (1,7 million d'euros).
- Le développement des dispositifs de brouillage actuels (6,4 millions d'euros).
- Des installations adaptées pour contrer l'utilisation de drones (1 million d'euros).
Gérald Darmanin a exprimé clairement que l'objectif est de créer une bulle autour de la Santé, un lieu où l'isolement de la société doit être total et où aucune communication illicite n'est tolérée. "Le message donné à tout le monde, c'est que nous arrêtons la récréation", a-t-il ajouté, faisant écho à des préoccupations de sécurité qui semblent grandir chaque jour.
Criminalité et téléphone, l’affaire Amine O.
Cette lutte prend tout son sens dans le contexte des 80 000 téléphones saisis en 2024. Lors des fouilles de cellules, il est courant que les agents découvrent des appareils prohibés, souvent introduits lors des parloirs. Un exemple tragique de cette problématique est la commande de l’assassinat de Mehdi Kessaci à Marseille, apparemment orchestré par Amine O. depuis sa cellule. Un fait qui a brutalisé l'opinion publique et accru la nécessité de renforcer la sécurité pénitentiaire.
Gérald Darmanin a reconnu l'ampleur du problème, confirmant que de nombreux règlements de compte et assassinats survenus en dehors des murs des prisons sont liés à des communications facilitées par des téléphones illicites. "Nous avons affaire à des personnes capables de communiquer de manière très diversifiée, par la corruption ou la technologie", a-t-il déclaré.
Immediate Actions et recrutements ciblés
Amine O. a récemment été transféré vers un nouvel établissement pénitentiaire à Condé-sur-Sarthe, spécialement créé pour les détenus jugés extrêmement dangereux. Cette histoire souligne l'importance des réformes dans le système pénitentiaire.
Pour appuyer ces changements, 1 000 agents pénitentiaires supplémentaires seront bientôt recrutés, sur un objectif total de 4 000 nécessaires pour répondre aux exigences sécuritaires croissantes. La création d'une nouvelle école de formation est également envisagée pour garantir un personnel formé et armé afin de faire face aux nouveaux défis.
En cette situation, il est crucial que les agents pénitentiaires soient écoutés et que leurs besoins soient pris en compte. Ils réclament non seulement une sécurité extérieure renforcée mais également un lien plus fort avec les intervenants en réinsertion. Renforcer la sécurité tout en favorisant la réintégration sociale semble être le défi que se doit de relever la justice française.