Faut-il s’offrir un studio à Paris ou un pavillon à La Rochelle ? Mettre de l’argent de côté ou dépenser sans compter ? Autant de questions financières qui nous préoccupent chaque jour. Dans The Art of Spending Money (2025, non traduit), l’investisseur Morgan Housel nous propose une réflexion sur l’art de dépenser intelligemment, loin des recettes miracles.
L’auteur du best-seller La Psychologie de l’argent (Valor, 2022), vendu à plus de 8 millions d’exemplaires, nous invite à une introspection essentielle : qu’est-ce qui motive chacune de nos dépenses, des plus futiles aux plus significatives ? Le désir, le conformisme ou l'avidité ? Housel, spécialiste de la finance comportementale, souligne qu’il est inutile de prétendre aborder nos dépenses sous un angle totalement rationnel. Si la construction de la richesse peut nécessiter des calculs savants, la manière dont nous dépensons notre argent reste une pratique bien plus personnelle, révélatrice de notre rapport à nous-mêmes et aux autres.
EN BREF
- Une dépense réfléchie est essentielle pour équilibrer bonheur et finances.
- La perception de l'argent comme symbole de statut peut conduire à des erreurs de jugement.
- Dépensez pour ce que vous aimez, tout en restant vigilant sur vos priorités budgétaires.
L’une des questions que Housel aborde est : l’argent peut-il acheter le bonheur ? Sa réponse est claire : "Oui." Toutefois, il nuance en précisant que ce qui compte vraiment, c’est la manière dont nous comprenons et maîtrisons la psychologie de nos comportements. La relation entre argent et bonheur est plus complexe qu’elle ne paraît. Ces réflexions peuvent profondément influencer notre existence.
Ne pas confondre argent et statut
Première leçon tirée de l’ouvrage : ne jamais faire de l’argent un indicateur du statut social ou de la réussite. Housel constate que nous prêtons souvent plus d’attention à la reconnaissance que nous procure l’argent qu’au confort qu'il peut offrir. "Si ce que je désire, c’est l’attention, et qu’une belle voiture m’apporte cette attention, quel est le problème ?" interroge-t-il. L’attention, en fin de compte, vient surtout d’inconnus, qui admirent surtout le véhicule et non son propriétaire.
Dépensez pour attirer du statut peut sembler gratifiant, mais cette satisfaction est généralement de courte durée. Le statut est instable et les critères qui le définissent évoluent avec le temps, obligeant chacun à s’adapter, souvent à un coût élevé.
L'idéal d'une capitalisation discrète
Il serait erroné de penser que Housel encourage une vie frugale. Il précise : "L’idée n’est pas d’éviter les belles voitures et les belles maisons. J’aime les deux." Il insiste cependant sur le fait que l’argent doit être utilisé pour gagner en autonomie, plutôt que pour alimenter l'ostentation. "Dépensez pour acquérir de l’indépendance, cela peut être la plus belle chose que l’argent puisse acheter," assure-t-il.
L’ouvrage regorge d’anecdotes sur de grandes familles fortunées, soulignant combien une gestion mal orientée de l’argent peut entraîner des fardeaux. Par exemple, les Vanderbilt, qui ont bâti leur vie autour de l’argent, ont finalement transmis un héritage devenu une dette de style de vie. Housel souligne que la recherche de l’autonomie est primordiale pour éviter une telle aventure.
La dépense consciente
Housel évoque une idée essentielle dans le monde moderne : "Minimiser les regrets futurs". Cette phrase résume la lutte entre vivre le présent et épargner pour l'avenir. Dans ses conseils, il préconise de s’autoriser des dépenses, à condition qu'elles soient jugées inusitées mais dans un cadre budgétaire raisonnable. Il rappelle que les habitudes de dépenses hétéroclites sont souvent celles de ceux qui réussissent le mieux à utiliser leur argent.
Selon Housel, le meilleur principe est que l’argent doit travailler pour nous, et non l’inverse. Il cite le concept d’un entrepreneur qu’il admire : dépenser de manière extravagante pour les choses que l’on aime est important, tout en étant impitoyable sur celles qui ne vous intéressent pas. En résumant : "Essayez de dépenser plus pour ce qui vous procure du bonheur et arrêtez immédiatement les dépenses inutiles, comme vous le feriez avec un mauvais livre." Ce conseil, fort heureusement, s’applique aussi à la lecture de son propre ouvrage, où certains passages sont particulièrement éclairants.