Le Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) d'Angoulême est frappé par une crise sans précédent, suite aux révélations d'un management toxique au sein de l'organisation. Élise Bouché-Tran, ancienne responsable de communication, dénonce avoir été licenciée après avoir signalé avoir subi un viol avec soumission chimique en marge du festival. Désormais sous son vrai nom, elle témoigne publiquement des événements dramatiques qui ont secoué cette institution culturelle.
EN BREF
- Élise Bouché-Tran, ex-responsable communication du FIBD, dénonce un licenciement suite à des accusations de viol.
- Le festival est en proie à une crise de management après des événements révélateurs.
- Élise plaide pour que les victimes puissent prendre la parole sans honte.
Licenciée en mars 2024 pour "faute grave", Élise Bouché-Tran avait été victime d'un viol présumé par un prestataire lors du festival. Elle affirme que son licenciement, survenu quelques semaines plus tard, est directement lié à sa volonté d'informer la direction de ce crime. En utilisant un pseudonyme pour se protéger, elle a pris la parole via le journal L'Humanité, déclenchant une onde de choc dans le milieu de la bande dessinée.
Dans son témoignage, Élise explique que la nuit du viol, elle s'est réveillée sans souvenirs de la veille, troublée par les affirmations d'un homme à ses côtés lui disant qu'ils avaient eu des relations. Elle a rapidement choisi d'en parler à ses collègues, qui l'ont dirigée vers la direction des ressources humaines. Cette intervention a été suivie de conseils d'un supérieur pour prendre la pilule du lendemain. Elle exprime son choc face à la réaction institutionnelle : "Ce qui m'a le plus choquée, c'est que la personne impliquée n'a pas été interpellée et que l'on m'a demandé de continuer à travailler avec lui après le festival."
Du côté de l'organisation 9e Art+, la réaction a été tout autre. Leur avocate, Muriel Dehiles, déclare : "Si les faits relatés sont avérés, nous ne pouvons qu'être compatissants. Toutefois, ces événements ont eu lieu hors temps de travail, ce qui rend la société non responsable de cette situation." De plus, elle souligne qu'aucune procédure prud'homale n'a été ouverte contre la société, affirmant que la réputation de 9e Art+ est intacte.
Une dynamique toxique à Angoulême
Élise dépeint un tableau troublant du management au sein de l'organisation. Elle décrit son expérience professionnelle comme empreinte de stress et d'une pression incessante. "Mon responsable avait un management toxique, nous étions régulièrement explorés et critiqués", souligne-t-elle. Ce comportement aurait créé un climat de travail insupportable, où la création artistique est étouffée par la peur de décevoir.
Le directeur, Franck Bondoux, a récemment annoncé son départ en 2027, après avoir été la cible d'accusations similaires de certaines salariées. Cette décision a été perçue comme une réaction tardive face à une crise qui perdure depuis plusieurs années.
Élise remarque que le soutien dont elle a bénéficié après son témoignage a été inespéré. "Je n'avais jamais imaginé un tel élan de solidarité", confie-t-elle. Grâce à ce soutien, elle espère que les auteur(e)s seront encouragés à se réapproprier le festival, en valorisant leur créativité et en brisant le cycle de la honte qui entoure souvent les victimes de violence.
Vers une révision des valeurs
Élise Bouché-Tran se projette dans l'avenir, en espérant que les événements récents inciteront à une véritable réflexion sur la place des victimes dans la société. Elle souhaite que son expérience inspire d'autres à briser le silence et à dialoguer ouvertement sur ces questions délicates. "Il faut que la honte change de camp", déclare-t-elle. "Nous devons reconstruire quelque chose de meilleur pour tous, sans ombre, sans peur."
En attendant, le sujet reste brûlant, et la lutte pour la reconnaissance des violences sexuelles dans le milieu culturel continue de faire écho. Les rumeurs de boycott à l'encontre du FIBD se propagent, tout comme la promesse de changements futurs significatifs au sein de l'organisation.