Les députés devront encore patienter. Le géant asiatique du commerce en ligne Shein a annoncé qu'il ne sera pas présent le 26 novembre devant la commission du Développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. En effet, une audience judiciaire a été programmée pour le même jour, contraignant l'entreprise à reporter son audition au 2 décembre, selon les informations révélées jeudi dernier.
EN BREF
- Shein reporte son audition devant l'Assemblée nationale au 2 décembre.
- La députée Sandrine Le Feur insiste sur l'importance de la transparence.
- Une proposition de résolution européenne pour renforcer le contrôle des plateformes a été déposée.
La députée Sandrine Le Feur, présidente de la commission, a exprimé son irritation face à l'absence de réponse de Shein. « Je prends acte du refus de Shein de répondre à la convocation du 26 », a-t-elle déclaré. Elle a insisté sur le fait qu'« il y a une règle simple : la représentation nationale n'est pas optionnelle », réaffirmant ainsi l'importance d’une présence des entreprises lors des auditions.
Si Shein continue à se soustraire à ses obligations, Le Feur a indiqué envisager de saisir le procureur de la République. Cette menace souligne la détermination des députés à obtenir des réponses de la part d’une entreprise qui opère sur le sol français.
Problème d’agenda soulevé par Shein
Shein ne conteste pas l’idée d’un interrogatoire, mais évoque un problème d'agenda. Le mardi matin qui précède l’audition, le 26 novembre, l'entreprise doit comparaître devant le tribunal judiciaire de Paris. Cette audience vise à statuer sur la suspension de son site en France, suite à la découverte choquante de la vente de poupées sexuelles d'apparence enfantine et d'armes de catégorie A.
Dans un courrier adressé à la présidente de la commission, la société a précisé : « Nous ne serons pas en mesure d’être présents le 26 novembre prochain compte tenu d’une échéance judiciaire ». Cette situation inédite soulève des interrogations : comment concilier obligations judiciaires et responsabilités sociétales ? Les députés souhaitent aborder des sujets cruciaux tels que les conditions de production, le respect des règles commerciales et la protection des consommateurs.
« Les sujets que nous devons aborder exigent transparence et responsabilité », a souligné Sandrine Le Feur, rappelant que ces interrogations ne se superposent pas à des enquêtes judiciaires. La séparation des pouvoirs est une pierre angulaire de la démocratie, mais la nécessité d’obtenir des éclaircissements sur des pratiques commerciales reste primordiale.
Dans un communiqué, Shein a réitéré sa volonté de participer aux travaux de la commission dans le respect des principes de séparation des pouvoirs. Cependant, il reste à voir si cette promesse se traduira par une réelle présence et un engagement proactif.
Par ailleurs, la plateforme a suspendu les ventes réalisées sur son site français par des vendeurs tiers ainsi que celles en dehors de la catégorie habillement, en réponse aux préoccupations soulevées. Cette décision traduit une prise de conscience des défis éthiques et juridiques auxquels l’entreprise fait face.
Jeudi dernier, une proposition de résolution européenne a été déposée à l’Assemblée nationale par des députés de plusieurs partis, à l'exception des groupes LFI, RN et UDR. Cette proposition vise à réclamer un renforcement des contrôles envers certaines plateformes, une initiative qui sera examinée mercredi prochain.
À travers ces événements, la posture de Shein et les réactions des élus mettent en lumière les enjeux contemporains du commerce en ligne. La question de la régulation des plateformes et leur responsabilité sociétale est désormais sur le devant de la scène, illustrant le besoin d'un équilibre entre innovation économique et protection des valeurs fondamentales de nos sociétés.