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« Dialogue rompu entre pacifistes israéliens et palestiniens : un avenir incertain »

by Matthieu Dourtou
Ruptures de communication : l'avenir incertain des pacifistes israéliens et palestiniens

C’est une haute couture militante qui, à première vue, peut sembler dérisoire face à la puissance des discours de haine. Cependant, derrière cette image se cache un véritable espoir. Depuis plus de vingt ans, l’ONG Combattants pour la paix, l’un des rares mouvements binationaux entre Israël et la Palestine, s'efforce de former de jeunes militants pour mener des actions communes et non violentes. Ce sont ainsi quelques dizaines de jeunes, Palestiniens et Israéliens âgés de 18 à 30 ans, qui se rencontrent, échangent et construisent des ponts au sein d’« écoles de la liberté » afin de promouvoir la paix dans une région où les blessures n’ont jamais vraiment eu le temps de se refermer.

EN BREF

  • Combattants pour la paix forme des jeunes militants juifs et palestiniens pour des actions non violentes.
  • La rencontre à Beit Jala se veut un espace sécurisé pour exprimer peurs et doutes.
  • L'ONG projette les horreurs subies par l'autre, sans prétendre être neutre ni représentative.

Le chemin vers la paix est long, même dans ce cadre militant où chacun s'est investi pour comprendre l'histoire de l'autre. Lors d’un séminaire de deux jours en Cisjordanie occupée, les 4 et 5 novembre, à Beit Jala puis à proximité d'une ferme palestinienne menacée par des colons de Goush Etzion, les animateurs veillent à instaurer un climat de confiance. Nimala Kharoufeh, qui dirige cette initiative, encourage les jeunes à s’exprimer librement : « C’est notre premier séminaire après deux ans de conflit. Il faut que chacun se sente en sécurité pour s’exprimer ».

Des notes adhésives sont mises à disposition, permettant aux participants d’écrire anonymement leurs craintes. Les mots sont lourds : « Je suis terrifiée à l’idée d’être arrêtée à un checkpoint. » confie une Palestinienne, tandis qu’un jeune Israélien partage : « Ma crainte, c’est d’être confronté à un défenseur de l’armée israélienne. » Chacun exprime son émotion, et cet échange crée une atmosphère d'écoute et de compréhension.

L’association se positionne clairement à gauche du spectre politique israélien. « Côté israélien, plus de 90% de nos participants se définissent comme venant de la gauche radicale. Ils savent qu’ils ne sont pas majoritaires, loin de là, dans la société », note Ido Even Paz, le directeur de l’École de la liberté à Tel-Aviv. Malgré cela, les convictions affichées par l’ONG en matière de justice, comme sur les crimes de guerre dans la bande de Gaza ou le nettoyage ethnique en Cisjordanie, requièrent un courage particulier.

La majorité de ses ressources financières provient de soutiens étrangers, notamment de l’Union européenne. « En tant que mouvement non violent de Palestiniens et d’Israéliens, nous sommes unis contre les horreurs commises en notre nom pour l’autre », déclare l’organisation. Dans ce contexte, elle espère apporter une lueur d’espoir dans un monde souvent assombri par des divisions.

Dans cette quête de paix, chaque rencontre devient une brèche dans le mur de l’incompréhension, une opportunité pour redéfinir les récits qui ont traversé les générations. Au-delà des peurs et des doutes, c’est peut-être dans ces moments de partage que se dessine un avenir commun, loin des discours polarisants.

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