Belém, 21 novembre 2025. La COP30 s’achève dans une ambiance d’indifférence quasi polie. Les journalistes ont déserté les couloirs de la Blue Zone, ce cœur de la négociation, dès la seconde semaine. Les directs se raréfient et, même les manifestations indigènes, qui firent jadis la une des médias, sont désormais absentes des écrans. Dix ans après l’accord de Paris, cette grand-messe climatique semble avoir perdu son aura. De manière intrigante, peu de voix s’élèvent pour le déplorer.
EN BREF
- La COP30 à Belém a été marquée par un désintérêt médiatique croissant.
- Malgré un discours vert, le Brésil renforce son pétrole avec des projets d'augmentation de production.
- Les investissements dans les énergies renouvelables dépassent désormais ceux des énergies fossiles.
Alors que les délégués s’acharnent à discuter des détails d’un paragraphe du Belém Political Package, la réalité de la transformation énergétique mondiale progresse sans eux. À titre d'exemple, le Brésil, pays hôte de la conférence, illustre cette dichotomie : son président, Luiz Inácio Lula da Silva, se présente comme le défenseur de l’Amazonie, tandis que Petrobras, le géant pétrolier brésilien, prévoit d’augmenter la production de 1,2 million de barils par jour d’ici 2026. Ce contraste entre discours et actions révèle une transition complexe et parfois brutale.
Le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), publié en octobre, souligne cette évolution. Soumise à une pression intense, notamment des États-Unis, l’AIE a modifié ses prévisions. Le World Energy Outlook 2025 ne fait plus mention d’un pic pétrolier prévu pour 2030, mais anticipe plutôt une demande de pétrole atteignant 113 millions de barils par jour d’ici 2050. Chris Wright, le secrétaire à l'Énergie des États-Unis, a d’ailleurs qualifié les prévisions précédentes de "non-sens total" et a engagé un dialogue avec Fatih Birol, le directeur de l’AIE, sur la nécessité de réformer l’agence.
La fin des grands-messes
Ce même rapport remet en question l’idée que les énergies fossiles domineraient encore le secteur. En effet, avec 2 200 milliards de dollars investis dans les énergies propres en 2025, ces investissements sont désormais deux fois plus importants que ceux alloués au pétrole, au gaz et au charbon réunis. Le solaire et l’éolien continuent de croître, tandis que le nucléaire connaît un regain d'intérêt. Les data centers et l’intelligence artificielle absorbent davantage de capitaux que l’exploration des énergies fossiles.
La dynamique de la transition énergétique s’affirme comme irréversible. Les grands discours et les déclarations ne suffisent plus à influencer le cours des événements. Le véritable moteur de cette transition est désormais ailleurs, dans les conseils d’administration qui, malgré l’incertitude géopolitique, investissent massivement dans des projets innovants : parcs solaires, réacteurs nucléaires de nouvelle génération, ou encore gigafactories de batteries.
Cette dynamique implique aussi des acteurs innovants, souvent invisibles, mais essentiels. En effet, dans des laboratoires du monde entier, des scientifiques et entrepreneurs avancent tout en restant à l’écart de l’attention médiatique. Des avancées significatives sont réalisées sur des technologies comme les pérovskiites, les électrolyseurs à haute température et les carburants d’aviation durables. Les États qui se projettent vers l’avenir construisent des écosystèmes adaptés, s’éloignant du modèle d’attente d’un consensus lors des rencontres comme les COP.
En définitive, dix ans après Paris, on ne peut que constater que les grands événements tels que les COP ont servi de stimuli initiaux. Bien qu’il puisse y avoir d'autres sommets qui verront des avancées significatives, le véritable changement se produit maintenant grâce à des acteurs déterminés, qu’il s’agisse d’entrepreneurs, de scientifiques ou de simples citoyens. Ces innovateurs, à travers le monde, incarnent la transition énergétique, loin des discours politiques. Ce sont ces bâtisseurs du quotidien, souvent méconnus, qui dessinent l’avenir de notre climat, des manufactures aux laboratoires, en passant par des initiatives locales.