Dans un fait tragique survenu ce jeudi dans la périphérie de Besançon (Doubs), une femme de 32 ans a été abattue par son ex-mari, un homme déjà connu des services judiciaires et de police. Ce crime intervient dans un contexte alarmant de violences faites aux femmes, soulevant des interrogations sur l'efficacité du dispositif de protection mis en place pour les victimes.
EN BREF
- Une femme de 32 ans a été tuée par son ex-mari jeudi à Besançon.
- Le suspect, connu pour des antécédents de violence, avait déjà fait l'objet de plusieurs plaintes.
- Plus de trois femmes par jour sont victimes de féminicide ou tentatives de féminicide en France.
Le drame a eu lieu sur le parking de l'immeuble de la victime. Alors qu'elle se préparait à quitter les lieux, elle a été prise dans un guet-apens fatal. Après le tir, le suspect a pris la fuite vers son domicile à Ornans, situé à environ 20 kilomètres de Besançon. La police, alertée, a rapidement déployé une équipe d'intervention, le Raid, qui a mené des négociations durant plusieurs heures. L'homme a finalement été appréhendé sans résistance au milieu de la journée.
Le procureur de la République de Besançon, Cédric Logelin, a indiqué que le suspect avait récemment été hospitalisé dans un service psychiatrique. Son dossier judiciaire révèle cinq condamnations depuis 2019, principalement pour des faits de violence, de dégradations et de harcèlement moral, notamment à l'encontre d'autres partenaires. Ce parcours judiciaire soulève de vives questions sur la manière dont le système judiciaire a géré son suivi, ainsi que la protection des victimes.
Deux plaintes déposées par la victime
La femme tuée avait déposé sa première plainte en février dernier pour « atteinte à la vie privée ». Lors de son audition, elle a déclaré que, bien que leur relation fût conflictuelle, elle n'avait jamais été victime de violence physique. Cette plainte avait été enregistrée sonnante mais n’avait pas encore conduit à une comparution pour le suspect, convoqué uniquement pour fin novembre. Par ailleurs, une deuxième plainte a été déposée en octobre pour dégradations sur son véhicule, sans que le parquet n'ait été prévenu à temps.
Le 24 octobre, la trentenaire avait bénéficié d’un dispositif d’alerte, communément appelé « shérif », permettant aux femmes en situation de danger d'appeler à l'aide rapidement. Cependant, les autorités ont précisé qu'elles n'avaient reçu aucune alerte concernant des menaces ou des comportements violents de la part du suspect à cette période. La victime avait par ailleurs été suivie par l’association France Victimes, ainsi que par un psychologue.
Le suspect interné après s’être retranché
Cette affaire tragique n'est pas sans précédent. En effet, le 7 octobre dernier, le suspect avait déjà fait l'objet d'un retrait dans son domicile, menaçant de mettre fin à ses jours avec une arme à feu après avoir refusé une prise en charge médicale. Il avait alors été interné dans un établissement psychiatrique, avant de sortir sans poursuite judiciaire, ce qui soulève des inquiétudes sur la gestion des cas de violence.
Les statistiques concernant les violences faites aux femmes en France sont préoccupantes. Selon les données de la mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof), chaque jour, plus de trois femmes sont victimes de féminicide ou de tentatives de féminicide. En 2023, 107 féminicides ont été recensés, tandis que 270 tentatives de féminicide ont également été signalées. De plus, 906 femmes ont souffert de harcèlement qui a conduit à des comportements suicidaires chez leurs partenaires.
Le cas de cette victime rappelle l'urgence d'améliorer les dispositifs de protection et de soutien des femmes confrontées à des situations de violence. Les décisions de justice, ainsi que la mobilisation des institutions sociales, doivent être au cœur d'une réflexion collective pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.