Home ActusNews Wilfried Léandre Houngbédji : « Le Bénin met fin aux coups d'État successifs »

Wilfried Léandre Houngbédji : « Le Bénin met fin aux coups d'État successifs »

by Matthieu Dourtou
« Le Bénin tourne la page des interventions militaires »

Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le Bénin a été secoué par une mutinerie rapide, orchestrée par le lieutenant-colonel Pascal Tigri. En moins d'une heure, les insurgés ont ciblé des hauts gradés, attaqué la résidence du président Patrice Talon et pris brièvement le contrôle de l’ORTB (la station de radio-télévision nationale). Bien que la tentative se soit avérée infructueuse, elle a laissé des marques sur l’image d’un pays jusqu’alors perçu comme l’un des plus stables d’Afrique de l’Ouest.

EN BREF

  • Une mutinerie rapide a secoué le Bénin, ciblant le président et des hauts gradés de l’armée.
  • Le gouvernement affirme avoir maîtrisé la situation et que les institutions sont restées solides.
  • Le lieutenant-colonel Tigri est toujours en fuite, tandis que des enquêtes sont ouvertes sur le fonctionnement de l'armée.

Quatre jours plus tard, alors que des déclarations officielles en provenance de France et du Nigeria alimentent encore le débat, le gouvernement béninois insiste sur le fait que l'opération a été rapidement maîtrisée. Le porte-parole gouvernemental, Wilfried Léandre Houngbédji, s'est exprimé sur la réponse de l’État face à cet événement, ainsi que sur la situation sécuritaire et le climat politique actuel lors d’une conférence de presse à Cotonou.

Le Point Afrique : Comment qualifier les événements de dimanche ? S'agit-il d'une tentative isolée ou d'un symptôme d'une crise plus profonde au sein de l'armée ?

Wilfried Léandre Houngbédji : C'est une tentative isolée. Les faits le montrent et la réaction de notre peuple l'indique également. La totalité des forces de défense et de sécurité a prouvé son attachement à l'ordre constitutionnel en réagissant rapidement face à ce groupe restreint. Il est crucial de noter que les mutins appartenaient à la Garde nationale, récemment créée pour renforcer la lutte contre le terrorisme.

Cette opération a mis en lumière les niveaux de vulnérabilité que même les institutions les plus solides peuvent rencontrer. Bien que la situation ait été maîtrisée, elle souligne la >nécessité d'une vigilance accrue vis-à-vis de la sécurité interne.

Votre gouvernement a semblé être pris de court. Y a-t-il eu une faille du renseignement ?

Un coup d'État, comme le terrorisme, repose sur la dissimulation. Vous pouvez déjouer un grand nombre de plans, mais manquer un signal crucial peut arriver et cela exacerbe la complexité de la situation. L'essentiel est que ces événements aient été contenus rapidement, ce qui démontre une capacité de réaction efficace.

Les mutins ont ciblé plusieurs hauts gradés simultanément. Y a-t-il eu des complicités internes ?

Les officiers ciblés étaient leurs propres supérieurs hiérarchiques. Le but était de désorganiser la hiérarchie pour agir sans entrave. Bien qu'ils aient réussi à approcher certaines résidences, ils n'ont pas pu exécuter leur plan, car l'armée républicaine a été opérationnelle et a réagi immédiatement.

Les putschistes ont pris l'ORTB pendant près de vingt minutes. Comment une telle brèche a-t-elle pu se produire pour un site aussi stratégique ?

Ils ont même tenté d'atteindre la résidence privée du chef de l'État, ce qui prouve leur intention d'engager le combat. Mais il faut retenir la réaction rapide des forces armées. Entre la première attaque et les interventions officielles, peu de temps s’est écoulé. Nos institutions se sont montrées robustes et prêtes à défendre l'ordre.

Concernant le lieutenant-colonel Tigri, est-il vrai qu'il se cache peut-être au Togo ?

Tigri est toujours en fuite. Des opérations sont en cours pour le localiser et le ramener afin qu'il puisse répondre de ses actes. La situation actuelle est incertaine, mais les enquêtes en cours devraient clarifier combien de temps il pourra rester caché.

Comment garantir l'impartialité de l'enquête et éviter un règlement de comptes politique ?

Nous n'assisterons pas à un règlement de comptes. Les militaires agissent selon des normes légales strictes, et les actes seront jugés conformément à la loi militaire, sans intermédiaires politiques. Les enquêtes seront menées selon les règles établies pour s'assurer de leur intégrité.

La mutinerie reste un événement marquant, remontant à une problématique plus large : la perception de l'insécurité et le mécontentement de certains au sein de l'armée. Toutefois, l’incident démontre également la capacité du Bénin à maintenir l’ordre et à défendre ses institutions face à une menace inédite. Dans cette dynamique, il est essentiel de rappeler que la stabilité ne se construit pas en un jour, mais est le résultat d’efforts constants et de vigilance collective.

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