Un collectif d'avocats remet en question la légitimité de Nicolas Sarkozy à exercer sa profession à la lumière de ses condamnations judiciaires.
EN BREF
- Neuf avocats saisissent la procureure générale de Paris concernant Nicolas Sarkozy.
- Ils estiment que ses condamnations mettent en péril les principes déontologiques de l'avocature.
- Un éventuel processus disciplinaire est envisagé qui peut aller jusqu'à la radiation.
Ce mardi, un collectif de neuf avocats a officiellement demandé l'ouverture d'une enquête déontologique contre Nicolas Sarkozy, ancien président de la République et avocat depuis 1981. Motif ? Ils estiment que ses condamnations judiciaires, dont certaines sont définitives, portent atteinte aux principes de probité qui régissent la profession d'avocat, comme rapporté par le site L'Informé.
Jérôme Karsenti, l'un des avocats ayant porté cette demande, ne mâche pas ses mots : "Non, Nicolas Sarkozy ne peut plus incarner la profession, il n'a plus le droit d'être avocat". Cette affirmation souligne la gravité de la situation et met en lumière les implications morales et éthiques que ses condamnations pourraient avoir sur sa carrière juridique.
Un autre membre du collectif, Jérôme Giusti, va même plus loin : "Être condamné une première fois pénalement, c'est déjà un manquement déontologique. Être condamné plusieurs fois et que rien ne soit fait... vraiment, c'est affligeant." Ces propos illustrent une insatisfaction croissante parmi les avocats face à ce qu'ils perçoivent comme une inconsistance dans l'application des règles déontologiques.
Christian Charrière-Bournazel, ancien bâtonnier de Paris, précise que les instances en place ont la possibilité de prendre des mesures à l'encontre de Nicolas Sarkozy. "Le bâtonnier peut saisir le conseil de discipline mais aussi le parquet général qui transmet les condamnations pénales définitives à l'Ordre des avocats." Il souligne que c'est ensuite à l'Ordre de décider des sanctions appropriées, lesquelles peuvent varier de réprimandes à une exclusion complète.
Les avocats n'hésitent pas à parler également de la portée politique de cette démarche. Christian Charrière-Bournazel évoque en effet que "la demande du collectif est peut-être plus politique que déontologique." Cette nuance est significative dans le contexte actuel, où les frontières entre justice, politique et éthique semblent souvent floues.
Il convient de rappeler que Nicolas Sarkozy, inscrit au barreau de Paris avec le numéro de toque R175, est membre d'un cabinet fondé par lui-même et Claude Sarkozy, rebaptisé Realyze en 2020. L'ancien président a une carrière d'avocat qui s'étend sur près de quarante ans. Sa situation actuelle pose la question cruciale de la responsabilité professionnelle des avocats en cas de condamnations judiciaires.
L'évolution de cette affaire est à suivre de près, alors que le poids de l'intégrité dans la profession d'avocat est mis sur le devant de la scène. Cet épisode interroge également la capacité du système juridique à garantir l'exemplarité des avocats face à des situations plus que délicates. Reste à savoir si la voix de ces avocats sera entendue et comment les instances compétentes répondront à cette demande fondamentalement liée aux valeurs éthiques qui régissent leur métier.