Une enquête a été ouverte suite à des dégradations survenues au Collège de France. L'établissement a porté plainte pour des tags injurieux visant un professeur après l'annulation d’un colloque sur la Palestine, qui a ensuite été reprogrammé ailleurs. Ce jeudi, l'AFP a confirmé cette information auprès du parquet de Paris.
EN BREF
- Le Collège de France a porté plainte pour des dégradations sur ses façades.
- Des tags visant des enseignants ont été retrouvés en lien avec un colloque sur la Palestine.
- Le colloque a finalement eu lieu dans d'autres locaux, suscitant de vives réactions.
Le Collège de France a précisé qu'il avait déposé plainte à deux reprises, le 5 et le 14 novembre, pour “des inscriptions à caractère infamant et injurieux” qui ont été taguées sur ses murs. Ces inscriptions visaient particulièrement le professeur Henry Laurens, organisateur du colloque sur la Palestine, accusé d'une prétendue complicité avec le Hamas. D'autres participants ont également été ciblés par ces messages hostiles.
Ces agressions verbales, qui se sont multipliées dans les jours suivants, s’accompagnent de slogans dénonçant l'antisionisme et l'antisémitisme associés à cet événement scientifique. Le 9 novembre, face à l'escalade des tensions, le Collège avait décidé d'annuler le colloque, initialement prévu pour les 13 et 14 novembre. L’établissement a justifié cette décision par la nécessité d'assurer “la sécurité des biens et des personnes”.
Un colloque polémique
Le colloque intitulé “Palestine et Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines” devait offrir une plateforme de discussion sur un sujet hautement sensible. Cependant, le climat entourant cet événement a rapidement soulevé des inquiétudes. Le président du Crif, Yonathan Arfi, a qualifié le colloque de “foire antisioniste”, insistant sur le fait que rien ne pouvait aller dans le sens d'une discussion équilibrée.
En réponse à ces critiques, le ministre de l'Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a qualifié l'annulation d'“responsable” tout en niant avoir demandé cette annulation. Cette situation a mis en lumière les tensions croissantes autour de la liberté académique et du droit à exprimer des opinions divergentes. Mardi, une quarantaine de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Paris, exprimant leur soutien à la défense des libertés académiques.
Les répercussions de cet incident soulignent un phénomène plus large, où des débats sur des sujets délicats peuvent rapidement être considérés comme des provocations. Dans ce cadre, les atteintes à la communication académique deviennent un enjeu sociétal majeur, questionnant le rôle des institutions face aux pressions extérieures.
La situation actuelle invite à une réflexion sur la place du débat dans notre société. Comment garantir une réelle liberté d'expression tout en protégeant les individus des attaques personnelles ? Les événements au Collège de France sont révélateurs d'une dynamique complexe qui appelle à une prise de conscience collective.