Home ActusNews Pouvoirs en jeu : Le rapport Draghi sous le feu des luttes politiques à Bruxelles

Pouvoirs en jeu : Le rapport Draghi sous le feu des luttes politiques à Bruxelles

by Matthieu Dourtou
Pouvoirs en Conflit : L'analyse du rapport Draghi et ses enjeux à Bruxelles

Bruxelles : Le Parlement européen face à l'inertie et aux défis de l'avenir

Bruxelles : Le Parlement européen face à l'inertie et aux défis de l'avenir

Le 13 novembre 2025, une plénière du Parlement européen à Bruxelles ne sera pas celle dont tout le monde se souviendra. À 8 heures 30 précises, Roberta Metsola, présidente du Parlement, ouvre la session. À ses côtés, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, fait une apparition rapide, son discours n’étant qu’une litanie de thèmes sans véritable contenu. Entre la COP30 de Belém, la guerre en Ukraine et un appel flou à la pérennité de l'Europe, l'intervention se termine avec un faible écho d'applaudissements. Les attentes de changement fermentent cependant dans un contexte législatif particulier.

EN BREF

  • Ursula von der Leyen fait un discours peu engageant au Parlement européen.
  • Le vote sur le texte législatif "Omnibus 1" met en lumière les tensions entre simplification et règlementations.
  • Mario Draghi souligne le besoin urgent de déreglementation face à la compétition mondiale.

À peine mentionné, le mot compétitivité semble relégué au dernier plan. Le jour même, la session se concentre sur le vote du texte "Omnibus 1", un ensemble de propositions législatives qui vise à alléger certaines réglementations, dont la directive CS3D. Cette dernière impose aux entreprises de plus de 1 000 salariés de faire preuve de transparence sur leurs sous-traitants en matière environnementale et sociale. Ce texte, soutenu par le Parti populaire européen (PPE) en coalition avec l'extrême droite, sera finalement adopté par 382 voix contre 249, après un parcours législatif chaotique.

Dérèglementer l'Europe : Un appel inquiété

En coulisses, une voix se lève : celle de Maciej Witucki, président des entrepreneurs polonais, qui réclame une déreglementation drastique. "Il faut arrêter avec le politiquement correct", déclare-t-il, insistant sur le fait que la survie de l’Union européenne est en jeu. Ses préoccupations trouvent un écho chez Mario Draghi, l’ancien Premier ministre italien, qui, dans un rapport remis à von der Leyen, avertissait des dangers d'un projet européen paralysé par une bureaucratie inefficace.

Malgré l’adoption du texte "Omnibus 1", son avenir reste précaire. Il doit en effet passer par un processus de négociation avec la Commission européenne et le Conseil européen. Les délais sont déjà allongés, et il pourrait ne pas être appliqué avant le printemps ou l’été suivants. La lenteur prend une dimension préoccupante, notamment dans un contexte où les entreprises européennes subissent la pression d'une concurrence accrue, notamment américaine et chinoise.

Une Europe perdue dans les méandres réglementaires

La nécessité d’un renouveau législatif est amplifiée par les mots de Mario Draghi qui, dans un rapport dense de 400 pages, décrivait à quel point l'Europe se trouvait à la traîne dans la course à l'innovation. Des secteurs clés tels que l'intelligence artificielle et les technologies vertes sont dominés par des acteurs non européens. De plus, la croissance du revenu par habitant en Europe stagne, se développant deux fois moins rapidement qu'aux États-Unis depuis 2000.

Pour remédier à ce décrochage, Draghi proposait une série de 170 mesures touchant à la simplification, à la débureaucratisation et à l'autonomie stratégique. Son appel à l’action demeure néanmoins lettré par des retards. Un an après la soumission de ce rapport, il est révélateur qu’aucune des propositions n’a encore abouti. Un constat amer qui résonne comme une cloche d’alarme, alors qu'il est essentiel pour l'Union européenne de s’adapter aux circonstances actuelles.

Déresponsabilisation et luttes internes

Certains observateurs soulignent ainsi la complexité du processus législatif européen, souvent entravé par des luttes internes. Les acteurs se renvoient la responsabilité, la Commission critiquant le Parlement et vice versa. Lors d'un discours, Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission, a plaidé pour une plus grande réactivité des co-législateurs. Le besoin d'un leadership clair et d'une vision collective pour surmonter cette paralysie devient de plus en plus urgent.

Les inquiétudes s’exacerbent quant à la capacité de l’Europe à rivaliser efficacement dans un contexte mondial en rapide évolution. Face à ces défis structurels, l'inertie de la machine bruxelloise envoie un signal inquiétant. Avec la menace d'un retard croissant à l’échelle mondiale, l'heure est à la mobilisation et à un consensus renouvelé. Dans cette lutte pour l'avenir, chaque voix portée au Parlement peut devenir cruciale.

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