Home ActusNews La qualité de l'air dans les écoles : un appel des soignants et parents aux maires

La qualité de l'air dans les écoles : un appel des soignants et parents aux maires

by Matthieu Dourtou
Urgence environnementale : appel des familles et soignants aux maires pour la qualité de l'air scolaire

Qualité de l'air : enjeu essentiel dans nos écoles

En mars 2020, les élections municipales en France ont eu lieu seulement deux jours avant le confinement généralisé dû à l'épidémie de COVID-19. Quelques mois après, en avril 2022, à Marseille, Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence, promettait de mener un "effort massif de purification de l'air" dans les écoles, hôpitaux et maisons de retraite, avec l’espoir de "résultats visibles dès la fin de l'année". Mais aujourd'hui, alors que nous sommes en novembre 2025, à quelques mois d'un nouveau scrutin municipal, une question se pose : quel bilan peut dresser chaque maire sur l'amélioration de la qualité de l'air dans les établissements qu'ils gèrent ?

EN BREF

  • De nombreux établissements scolaires manquent de diagnostics concernant la qualité de l'air intérieur.
  • Des lois récentes ciblent une surveillance accrue des niveaux de CO2 dans les écoles à partir de 2024.
  • Améliorer la qualité de l'air pourrait réduire les infections et favoriser les performances scolaires.

Le constat est accablant : depuis plusieurs années, l'insuffisance du renouvellement de l'air dans nos écoles est documentée par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur et Santé Publique France. Ce phénomène a été mis en lumière lors de la Journée nationale de la qualité de l'air, le 14 octobre 2022, et lors de la conférence européenne sur l'air intérieur, soutenue par l'OMS en juin. Malgré ces alertes, la question reste : combien de maires parmi les 35 000 élus en France disposent d'informations sur les niveaux de CO2 présents dans les classes de leur commune ?

Des enjeux réglementaires en évolution

La loi a évolué pour renforcer la surveillance de la qualité de l'air intérieur. Le décret 2022-1689, adopté fin décembre 2022, impose aux écoles de réaliser une évaluation de la qualité de l'air d'ici fin 2024. Cela ne devrait pas nécessiter un investissement lourd, des capteurs portables étant désormais largement disponibles pour quelques centaines d'euros. Cependant, si le diagnostic est absent, il est difficile pour les maires de définir des priorités ou d’allouer des ressources efficacement, notamment pour déterminer si des systèmes de ventilation doivent être installés dans un bâtiment plutôt qu'un autre.

Chaque rentrée scolaire pourrait servir de point de départ pour un bilan actualisé par commune. Un tel bilan inclurait des données sur la qualité de l'air dans les salles de classe, mais aussi dans les espaces communs comme les cantines et les gymnases. Il serait également judicieux d'associer la gouvernance locale à des projets de rénovation visant à améliorer la qualité de l'air tout en optimisant l'isolation.

Les bénéfices d'une meilleure air qualité

Il faut garder à l'esprit que le dioxyde de carbone (CO2) est un indicateur important de ventilation, mais ce n'est pas le seul polluant à prendre en compte. En réalité, un bon contrôle du CO2 est directement lié à la réduction d'autres contaminants tels que les particules et les composés organiques volatils, tout en diminuant le risque de transmission virale, notamment des virus respiratoires, tels que le Covid-19.

Les repères sont assez simples : un taux de 800 ppm est l’objectif, tandis qu'un dépassement de 1500 ppm est alarmant et nécessite des actions correctives immédiates. La gestion de la ventilation, qu'elle soit naturelle ou mécanique, peut considérablement diminuer la circulation de ces virus. En réduisant les infections, on limite également les absences scolaires et professionnelles, ce qui a un impact positif sur les systèmes de santé en réduisant les consultations médicales et les hospitalisations.

Améliorer la qualité de l'air dans nos écoles ne constitue pas simplement une question de santé publique. C'est également un levier pour améliorer la concentration et les performances des élèves. D'après les études, chaque année, plus de 30 000 cas d'asthme pourraient être évités par une amélioration significative de la qualité de l'air intérieur dans les milieux scolaires.

Un frein à lever : le budget

Malgré ces enjeux, le désintérêt général et les contraintes financières freinent l'amélioration de la situation. Les maires sont en première ligne pour financer des travaux dont les bénéfices, telles que la réduction des maladies, profitent à la sécurité sociale et à l'Éducation nationale. Comment expliquer que le financement tombe sur les collectivités alors que ces économies vont en grande partie aux assurances maladies et à d'autres secteurs ? L'impossibilité de relier ces enjeux à un financement global constitue un paradoxe.

Il est fondamental que la qualité de l'air dans nos établissements scolaires devienne une priorité pour les futurs élus. En plaçant ce sujet au coeur des campagnes politiques, ils s'attaqueront à une promesse longtemps mise de côté. Agir aujourd'hui pour garantir la santé des 6,4 millions d'élèves dans les écoles élémentaires et maternelles (et jusqu'à 9 millions en incluant collèges et lycées) pourrait bien transformer notre façon de considérer l'éducation et la santé de demain.

Vous aimerez aussi