L’élection présidentielle en Guinée, qui s'est tenue ce dimanche 28 décembre 2025, a donné lieu à des résultats préliminaires affichant une large avance du général Mamadi Doumbouya. Ce scrutin, organisé plus de quatre ans après le coup d'État qui a renversé le président Alpha Condé, met en lumière un contexte politique tendu marqué par l’absence d'opposition significative.
EN BREF
- Le général Mamadi Doumbouya en tête avec plus de 80% des voix selon les résultats préliminaires.
- Taux de participation annoncé à 85%, contesté par des mouvements citoyen.
- Accusations d'irrégularités et de bourrages d'urnes de la part de certains candidats.
En effet, le chef de la junte, Mamadi Doumbouya, réalise des scores supérieurs à 80% dans certaines communes de Conakry, telles que Kaloum, Matam, Sonfonia et Ratoma. Ces résultats, annoncés par la directrice générale des élections, Djenabou Touré, soulignent la position incontestée du candidat. Bien que l'opposition ait appelé au boycottage de ce scrutin, le général Doumbouya semble avoir bien ancré sa présence sur le terrain politique guinéen.
Le taux de participation, affiché à 85%, est immédiatement contesté par des mouvements comme le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui dénonce une « mascarade électorale ». La revendication du retour à un pouvoir civil prend ici tout son sens, traduisant un profond malaise dans la population guinéenne.
Les enjeux de cette élection
Environ 6,8 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, y compris près de 125 000 résident à l’étranger. Cette élection se tenait dans un climat de tension où la liberté d'expression et les droits démocratiques sont régulièrement remis en question. Mamadi Doumbouya, âgé de 41 ans, se présente comme un candidat incontournable, face à des rivaux largement inconnus du grand public.
Néanmoins, plusieurs candidats comme Abdoulaye Yéro Baldé et Faya Millimono ont dénoncé des irrégularités notables, y compris des restrictions d'accès à leurs représentants dans les commissions de vote et des cas de bourrage d'urnes. Ces affaires illustrent les fragilités du processus électoral en cours et jettent une ombre sur la volonté affichée par le gouvernement actuel d'instaurer un climat de confiance.
Sécurisation des lieux de vote et maintien de l’ordre
Ce lundi matin, le général Balla Samoura, chef de la gendarmerie, a exhorté les forces de sécurité à rester en vigilance. Il a déclaré qu'aucun incident majeur n’avait été enregistré pendant le vote, tout en maintenant un déploiement renforcé pour se prémunir de toute forme d’agitation. Il est à noter qu'extrêmement précautionneux, le gouvernement a « neutralisé » un groupe armé dans la banlieue de Conakry quelques jours avant l'élection, démontrant ainsi un effort de sécurisation des opérations.
Les forces de sécurité étaient bien présentes dans plusieurs quartiers de la capitale le lendemain du scrutin. Si la vie quotidienne a repris son cours, les tensions souterraines demeurent palpables. Les marchés ont rouvert, et la population semble s'en tenir à ses traditions, bien que le sentiment d’insécurité persiste, entravant le retour à une vie politique sereine.
Un cadre constitutionnel allégé
La récente modification constitutionnelle, approuvée par un référendum, permet à la junte de se présenter aux élections et a prorogé le mandat présidentiel à sept ans. Ceci renforce la légitimité de Mamadi Doumbouya et redéfinit les perspectives politiques en Guinée où les régimes autoritaires ont longtemps dominé le paysage.
Toujours considéré comme un État riche en ressources minérales, la Guinée fait face à des défis majeurs, comme la pauvreté, qui touche plus de 52% de sa population selon les dernières données de la Banque mondiale. Éclairant l’historique politique du pays, ces éléments soulignent les efforts complexes à réaliser pour établir une gouvernance démocratique et responsable.
Dans ce contexte, les élections de décembre offrent une fenêtre fragile sur l’avenir politique de la Guinée, alors que le pays oscille entre aspirations démocratiques et l’inertie d’un pouvoir militaire. Pour l’instant, le général Doumbouya semble bénéficier d'une dynamique favorable, mais les incertitudes sur la pérennité de son autorité et la satisfaction des besoins populaires laissent la porte ouverte à de futures remises en question.