A Lisbonne, la flambée des prix de l'immobilier : le problème n'est plus Airbnb
Depuis la pandémie de Covid-19, les prix de l'immobilier en France semblent figés. À l'opposé, le Portugal, et plus particulièrement Lisbonne, connaît une hausse des prix de manière dramatique. Comment expliquer ce phénomène ? Quels en sont les impacts sociétaux ? Décryptage.
EN BREF
- Les prix de l'immobilier continuent d'augmenter à Lisbonne malgré le gel des permis de construire.
- La crise du logement entraîne l'émergence de bidonvilles en périphérie de la ville.
- Le coût du logement s’aligne sur les revenus des classes populaires et des classes moyennes, entraînant une exclusion progressive de ces groupes.
On cite souvent l'achat d'appartements pour la location de courte durée comme l'un des facteurs de la hausse des prix au Portugal. À l'échelle du pays, ce phénomène est vérifiable, mais la réalité à Lisbonne est bien plus complexe. Pour pouvoir louer aux touristes, les propriétaires doivent obtenir une licence d’hébergement local (AL). Toutefois, depuis 2022, tous les nouveaux permis ont été gelés.
Les chiffres montrent que le nombre de licences a plutôt diminué. Ainsi, le problème à Lisbonne n’est pas tant lié à Airbnb, mais à la concentration de population par rapport à la disponibilité des logements.
Les conséquences des pénuries de logement
Cette pénurie a engendré des effets dévastateurs, notamment la formation de nouveaux bidonvilles autour des grandes villes. Actuellement, plus de trois mille personnes vivent dans des conditions de précarité extrême dans l’aire métropolitaine de Lisbonne. Ce phénomène s'éloigne des taudis d'antan, mais reflète néanmoins une réalité préoccupante. Ces populations sont souvent composées de familles, de travailleurs et d'immigrés qui, malgré un emploi, n'accèdent pas à un logement décent.
La problématique du logement ne touche pas que les classes populaires, mais également les classes moyennes. Le coût du logement augmente plus rapidement que les salaires, ce qui réduit l'écart entre les allocations des ménages et leurs revenus disponibles. En conséquence, de plus en plus de familles doivent allouer une proportion croissante de leur revenu au logement.
Des étudiants peinent à trouver une location adéquate, tandis que des milliers d'adultes sont contraints de rester chez leurs parents faute de moyens financiers.
Réactions et solutions envisagées
Cette demande croissante en logement, en théorie, devrait être une bonne nouvelle : elle témoigne de la vitalité économique de Lisbonne. Cependant, pour que la ville continue d'accueillir de nouveaux résidents, il est impératif d’améliorer l’offre de logements. Cela passe par une augmentation de la construction. Or, à Lisbonne, il faut parfois attendre jusqu'à dix-huit mois pour obtenir un permis de construire.
La Banque mondiale a récemment souligné que les délais d'octroi de permis dépassent souvent cette période. En réaction, il est nécessaire d'optimiser les régulations pour réduire ces délais. La ville a déjà entrepris des actions et on compte actuellement 2 000 logements en construction, avec un objectif de 1 000 supplémentaires d'ici 2028, soutenus par des fonds européens.
La municipalité doit aussi se concentrer sur l'attractivité des nouveaux quartiers. Pour attirer davantage de résidents, certains espaces doivent être rénovés et embellis.
Le défi national du logement
Ce problème n'est pas uniquement lisboète ; il s'inscrit dans une problématique nationale où environ 80 % de la population vit en zone littorale, engendrant une pression immense sur les infrastructures urbaines. Parallèlement, la question de la répartition de la population demeure une question clé pour l'avenir du pays. Peut-être serait-il temps de susciter une dispersion plus équilibrée des populations.
Le défi du logement au Portugal, particulièrement à Lisbonne, met en lumière les problématiques d'accessibilité et d'équité sociale dans un contexte économique en pleine mutation. La ville doit d'urgence construire et augmenter son parc de logements, tout en préservant sa qualité de vie et son inclusivité.