Home ActusNews Alain Minc : "Macron, le pire président de la Ve République, n'est pas un fossoyeur

Alain Minc : "Macron, le pire président de la Ve République, n'est pas un fossoyeur

by Matthieu Dourtou
Macron : Un leader controversé mais pas un destructeur de la République.

France : Entre crise politique et désillusion - Analyse d'Alain Minc

Quinze mois après la dissolution de l’Assemblée nationale, la France se trouve plongée dans une crise politique sans précédent. Avec un contexte économique tendu et des institutions vacillantes, l’issue demeure incertaine. Alain Minc, qui a soutenu Emmanuel Macron lors de son élection en 2017, livre son analyse sur la dégradation de la situation politique française.

EN BREF

  • La France connaît une crise politique qui remet en question sa place en Europe.
  • Alain Minc critique la gestion d’Emmanuel Macron, soulignant notamment son narcissisme et son manque de culture historique.
  • Malgré une situation budgétaire difficile, la France conserve des atouts économiques importants.

Dans un entretien accordé à L'Express, Alain Minc aborde la chute rapide du gouvernement de Sébastien Lecornu, qui n’a survécu que quelques heures après sa nomination. Il se demande si la France est devenue le maillon faible de l’Europe. Selon lui, Emmanuel Macron a hérité d’un atout inespéré : la force de frappe nucléaire du pays, qui lui permet encore de garder une position sur la scène européenne, malgré les faiblesses internes.

Minc inflige également un constat sévère à la situation actuelle : « Si Emmanuel Macron n’avait pas hérité de cette force indépendante, il n’aurait aucun atout autour de la table européenne. » Cet atout, bien qu’utilisé à bon escient parfois, ne doit pas masquer la fragilité du système politique français, détruit par des choix contestables.

Les rapports de la France avec ses partenaires européens sont devenus plus complexes, illustrant l’absence de solide soutien à l’intérieur du pays. Alain Minc met en lumière le fait que la France ne doit pas sombrer dans le ridicule en raison de sa gestion politique. « Nous ne sommes pas l’Italie », dit-il. Toutefois, il exprime des doutes sur l’avenir, refermant une parenthèse inquiétante sur la démocratie française.

Une crise prévisible

La question se pose alors : comment en est-on arrivé à une telle crise de régime ? Selon Minc, la responsabilité incombe en partie à Emmanuel Macron. Le président avait en 2022 l’opportunité de maintenir une majorité parlementaire par le biais d’alliances, en particulier avec la droite républicaine. Sa décision de ne pas le faire est maintenant perçue comme une erreur majeure. Le manque de pragmatisme du président, couplé à ses maladresses, a été un facteur aggravant à l’origine de la crise actuelle. Son choix de nommer un Premier ministre proche de sa personne, en l'occurrence Sébastien Lecornu, aurait conduit à une forte pression politique de la part de l’opposition.

Une personnalité qui façonne la politique

Les choix de Macron sont souvent examinés à travers le prisme de sa psychologie. Minc décrit un président dont le narcissisme le pousse à ignorer la réalité, créant un décalage entre les décisions prises et la situation sur le terrain. Ce phénomène psychologique, conjugué à un style de gouvernance jugé imprévisible, pourrait être à l'origine du glissement d’Emmanuel Macron vers un semblant de chaos politique.

Il note que l’absence de culture historique de Macron limite sa capacité à comprendre les enjeux complexes qui l’entourent. Il évoque des exemples de la gestion de la politique étrangère française, où les décisions apparaissent parfois comme inspirées plus par le désir de plaire que par une compréhension approfondie des enjeux. « Pour diriger un pays, il faut aller au-delà de simples notes de trois pages », souligne-t-il.

Ce manque de profondeur a été affiché lors de sa gestion du conflit israélo-palestinien, notamment en ce qui concerne ses propositions de coalitions. Ce qui devait être une stratégie diplomatique s’est rapidement transformé en une succession de revirements qui, selon la presse, lui a valu le surnom de "Flip Flop".

Un avenir incertain

La question persiste : Emmanuel Macron pourra-t-il terminer son mandat ? Minc n'en est pas convaincu. Il souligne qu’au-delà des problèmes internes, une éventuelle démission précipitée pose un risque sérieux pour les institutions américaines. « Pas besoin d’ajouter à la crise de confiance une démission subie », dit-il.

Il conclut en affirmant que si la situation politique semble délicate, la France possède toujours des atouts économiques considérables. Évoquant la résilience de la société française, il note que les citoyens sont souvent plus matures que leurs institutions, ce qui pourrait être un espoir pour l’avenir. Au-delà des crises passées, l’histoire de France montre une capacité d'adaptation qui ne doit pas être négligée.

Les mois à venir s’annoncent délicats, mais la vitalité de la société française pourrait finalement aider le pays à surmonter cette tempête politique sans précédent.

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