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Au Maroc, des jeunes bravent la peur pour s'engager en faveur de leur avenir

by Matthieu Dourtou
Au Maroc, des jeunes osent défier la peur pour bâtir leur avenir.

Les manifestations de la jeunesse marocaine : un appel au changement

Les manifestations sociales qui secouent le Maroc depuis quelques jours s'affirment comme un mouvement inédit, mobilisant la jeunesse autour de revendications spécifiques. Organisées par le collectif "GenZ 212", ces rassemblements prennent de l'ampleur au fil des jours.

EN BREF

  • Des manifestations marquées par la quête de justice sociale et d’accès aux soins.
  • La jeunesse marocaine dénonce les priorités gouvernementales au profit des grandes compétitions sportives.
  • Le collectif "GenZ 212" rassemble plus de 180 000 membres, mettant en lumière un désespoir grandissant parmi les jeunes.

Cette situation trouve son origine dans un événement tragique survenu à l'hôpital public d'Agadir, où la mort de huit femmes enceintes, admises pour des césariennes, a réveillé l'indignation générale. Ces manifestations, lancées le 27 septembre, recordent une série de rassemblements qui avaient déjà vu le jour dans plusieurs villes marocaines à partir de la mi-septembre.

À Casablanca, la capitale économique, plus de mille jeunes se sont rassemblés jeudi 2 octobre, sous haute surveillance policière. Sous un soleil brûlant, des slogans tels que "Le peuple veut la santé et l'éducation" ou "Nous voulons des hôpitaux, pas la Coupe du monde" résonnent dans l'air, témoignant d'un désir profond de changement.

Lamia, 22 ans, témoigne de l'ampleur du mouvement. "Depuis que notre gouvernement a décidé de faire de sa priorité la Coupe du monde et le football, plutôt que notre santé et notre éducation, nous avons lancé cette contestation", explique-t-elle. Son propos se réfère à l'édition 2030 de la Coupe du monde, coorganisée par le Maroc, l'Espagne et le Portugal.

Les voix se lèvent pour dénoncer les dérives financières liées à ces événements sportifs. Hassem, 24 ans, s'exprime avec force : "Nous ne voulons pas de stades hors de prix, ces infrastructures ne profitent qu'à quelques privilégiés. Les citoyens normaux n'en veulent pas." Il fait partie des 34 % de jeunes de 15 à 24 ans au chômage au Maroc. "J'ai un master, et je n’ai toujours pas de travail après deux ans de recherche."

Malgré l'énergie qui entoure ces rassemblements, le climat est tendu. La mobilisation actuelle connaît une baisse de participation, due à des violences qui ont éclaté lors des manifestations précédentes. Lors de confrontations le 2 octobre, trois personnes ont été tuées par les forces de l'ordre, suscitant une peur palpable parmi les manifestants.

Les jeunes prennent des risques. Ibis, 19 ans, avoue ses craintes : "Mes parents ont peur pour moi. Il n'y a pas ma famille ici, et j'ai peur. Mais je suis là pour le changement." Ce désir pressant de changement s'accompagne d'une volonté de lutter contre la corruption gangrenant leur quotidien.

Ibis souhaite notamment que le roi Mohammed VI, resté silencieux depuis le début du mouvement, intervienne. "Le Maroc est une monarchie, le roi a le pouvoir d'apporter le véritable changement." Un sentiment d'impuissance s’installe, renforçant la détermination des manifestants.

Le collectif à l'origine de ce mouvement, "GenZ 212", est une plateforme active sur Discord, comptant plus de 180 000 membres. Adepte d'une organisation décentralisée, il se revendique non-affilié politiquement, démontrant ainsi une volonté d'initier un véritable dialogue sur l'avenir du pays.

Ce mouvement de jeunesse apparaît comme un cri du cœur face à un avenir incertain. Leur voix, bien que souvent ignorée, résonne comme un appel poignant à la responsabilité collective. Les jeunes marocains, conscients des enjeux qui les entourent, prennent position et réclament des réponses concrètes à leurs besoins fondamentaux.

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