Devant la cour d'assises du Tarn, l’enquêteur de personnalité a révélé le parcours émouvant de Delphine Jubillar-Aussaguel, jeune femme disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Ce mardi 23 septembre, l’audience se concentrait sur Cédric Jubillar, son mari, accusé du meurtre de Delphine. Durant ce procès qui se déroule sur plusieurs semaines, l’enquêteur Valentin Belbeze a proposé un portrait de Delphine à travers le témoignage d’une trentaine de personnes.
EN BREF
- Delphine Jubillar-Aussaguel a disparu en décembre 2020, son mari est accusé de meurtre.
- Son parcours familial difficile a marqué son enfance et sa vie d’adulte.
- Des perspectives d’une nouvelle vie émergeaient juste avant sa disparition, indiquant un profond désir de changement.
Malgré l'hypermédiatisation de cette affaire tragique, l’enquêteur a rencontré "une grande difficulté" à recueillir des informations sur Delphine. Ceux interrogés, plus souvent préoccupés par Cédric, peinent à évoquer sa véritable personnalité. "Il prend de la place", note Belbeze, ce qui laisse entrevoir une dynamique complexe au sein du couple.
Née le 15 novembre 1987 à Albi, Delphine a vécu une enfance marquée par des manquements affectifs. Son père, alcoolique, décède lorsqu'elle n'a que 12 ans, un sujet délicat qu'elle ne partage jamais. Sa mère, bien que présente, était fragile, et Delphine se retrouve souvent dans un rôle d'adulte, prenant soin de ses petits frères, Sébastien et Mathieu, et de sa sœur aînée, Stéphanie.
En grandissant, cette dynamique parentale l’a amenée à développer une forte empathie et une résilience face à des conditions de vie précaires. Les enfants jouaient ensemble, partageant parfois un repas frugal qu'ils considéraient comme un festin. Déterminée à échapper à cette pauvreté, Delphine vise une carrière d'infirmière.
Après avoir réussi son diplôme en 2011, elle rencontre Cédric Jubillar peu après. Malgré des réserves de la part de sa famille, ils tombent amoureux dans un contexte où leurs caractères semblent pourtant incompatibles. "On a tous espéré que ce soit une histoire courte", confie un de ses frères. Le mariage au cours de l'année suivante en 2013 ne fait qu'intensifier les tensions dans leur relation.
Peu après leur installation, cette maison inachevée devient un symbole de leur désillusion. "Delphine avait honte de cette maison", témoigne une amie, indiquant un mal-être qui ne cesse de croître. Les proches estiment que Cédric a progressivement éloigné Delphine de ses amis, preuve d'une autorité qu'il exerçait au quotidien.
Une amie de Delphine Jubillar
Malgré ces difficultés, la maternité reste au cœur de sa vie : elle s'applique à donner à son enfant, Louis, ce qu'elle n'a pas eu. Cependant, les témoignages indiquent que Delphine se sentait de plus en plus diminuée par un époux qu’elle ne parvenait pas à changer. "C’était sa raison de vivre", souligne son frère, témoignant d’un amour inconditionnel.
A l'été 2020, une transformation semble s'opérer : Delphine renoue avec elle-même, profitant d'un regain de confiance et cherchant à tourner la page avec Cédric. Son inscription sur un site de rencontres préfigure de nouveaux horizons. Elle échange avec un certain Jean, qui observe un profond changement dans son attitude lors de leur rencontre.
L'amant de Delphine Jubillar-Aussaguel
La veille de sa disparition, le 15 décembre 2020, Delphine et son amant échangent des messages complices, se projetant vers une vie nouvelle. Malheureusement, cette promesse d’avenir ne se concrétisera jamais. La disparité entre le désir de renouveau et la tragédie qu’elle subit interpelle, laissant un vide insupportable dans la vie de ses proches.
La situation de Delphine, partagée entre une jeunesse tumultueuse et des rêves d'évasion, souligne des luttes internes et des espoirs brisés. Les nombreux témoignages face à cette disparition poignante questionnent notre compréhension des rapports humains et de la complexité des relations familiales et conjugales.