Deux diadèmes, des colliers, des boucles d'oreilles, ainsi que des parures et broches royales : le cambriolage survenu à la galerie d'Apollon, au Louvre, a suscité une vive émotion. La valeur patrimoniale de ce butin est considérée comme « inestimable » par le Ministère de la Culture. Selon la conservatrice du musée, le préjudice s'élève à 88 millions d'euros. Ce mardi 21 octobre, la procureure de Paris, Laure Beccuau, a détaillé la rapidité déconcertante avec laquelle quatre individus ont dérobé des bijoux en seulement sept minutes, laissant derrière eux des outils et des indices troublants, tels qu'une couronne endommagée de l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III.
EN BREF
- Un cambriolage au Louvre a fait perdre 88 millions d'euros en bijoux royaux.
- Les objets volés n'étaient pas assurés, l'État étant son propre assureur.
- Les voleurs pourraient démanteler les bijoux pour éviter leur traçabilité.
Ce vol soulève de nombreuses interrogations sur la sécurité des œuvres d'art et sur les éventuelles failles dans les procédures de protection. Que se passera-t-il maintenant en matière d’indemnisation pour le Louvre ? Une autre question vient perturber le débat : celle de l’assurance. Comment des biens d'une telle valeur peuvent-ils ne pas être couverts ?
Un héritage à risque : le cas des bijoux volés
Dans cette affaire précise, les bijoux dérobés n'étaient pas assurés. En effet, l'État agit comme son propre assureur, une pratique courante pour de nombreuses œuvres au Louvre lorsqu'elles sont dans leur lieu de conservation habituel. Selon Nicolas Kaddeche, directeur technique chez Hiscox Assurances France, « Tous les musées ne sont pas assurés. C'est le cas des collections permanentes du Louvre ».
Le musée national, avec son déploiement exceptionnel de valeurs, est difficile à assurer dans son intégralité. « Pour couvrir tout cela, il faudrait une capacité d'assurance énorme, ce qui entraîne des primes élevées », précise l'expert. Ce constat met en lumière des enjeux qui dépassent le simple vol, touchant à la responsabilité de l'État dans la protection de son patrimoine.
Revente des œuvres : un marché complexe
Nicolas Kaddeche évoque la complexité du marché de l’art : « Revendre un objet d'art est extrêmement compliqué à cause de la traçabilité ». Les voleurs pourraient être contraints de « démanteler » les bijoux, car les matériaux précieux comme les pierres et métaux se revendent plus facilement. Pour éviter de se faire identifier, ils seraient probablement amenés à faire fondre les bijoux et à retailler les pierres.
« S'ils savent ce qu'ils ont volé, ils vont probablement les démanteler. »
Nicolas Kaddeche, Hiscox Assurances France
Cas particuliers d'assurance dans le milieu artistique
Pour autant, il existe des situations où les œuvres d’art peuvent être protégées par une police d'assurance. Cela concerne notamment des collections privées ou les musées de plus petite taille. Par ailleurs, les œuvres empruntées pour des expositions doivent être couvertes pendant leur transport et leur stockage dans les lieux d’expositions. Ce type de couverture, appelé police d'assurance de clou à clou, prend en charge les biens pendant toute la durée d’exposition, de leur retrait à leur réinstallation.
En général, c’est l’organisateur de l’exposition qui est responsable de contracter cette assurance. L'établissement d'un tel contrat implique souvent une évaluation complète, permettant de fixer la valeur des œuvres et le montant de l’indemnisation en cas de sinistre.
Les répercussions de ce vol au Louvre interrogent également sur la capacité de l'État à protéger son héritage culturel. Chaque événement de cette nature n'est pas seulement une perte monétaire, mais une atteinte à l'identité nationale. La vente de ces objets, s'ils ne sont pas complètement démantelés, pourrait entraîner une perte de confiance dans la sécurité de notre patrimoine.
La question reste ouverte : comment protéger efficacement des biens qui représentent tant pour la France et pour l'humanité toute entière ? La réponse pourrait passer par une réflexion plus profonde sur les responsabilités de l'État et les risques associés à la conservation du patrimoine culturel. Le Louvre, avec son histoire et ses collections prestigieuses, ne peut se permettre d'être une cible facile.