Dans l’affaire Jubillar, chaque détail est scrutinisé à la loupe. En l'absence de corps, d'aveux ou de scène de crime, l'accusation repose sur des indices qualifiés de « graves et concordants ». Depuis l'ouverture du procès, la défense s'est appliquée à les questionner, un à un, avec une ténacité remarquable. Ce mardi matin, devant la cour d'assises du Tarn, le débat a de nouveau réuni des éléments importants, notamment autour de la voiture de Delphine Jubillar ainsi que des deux chiens du couple, Gnocchi et Oprah. Pour la première fois depuis le début des audiences, l'accusé, Cédric Jubillar, semble montrer quelques signes de faiblesse.
EN BREF
- Le procès de Cédric Jubillar se concentre sur des éléments matériels manquants et les témoignages de proches.
- Des témoignages contradictoires sur la voiture et les chiens soulèvent des questions essentielles autour de la réalité des événements du 15 décembre 2020.
- Le témoignage d’Olga S., voisine du couple, ajoute une nouvelle dimension au récit de la soirée précédant la disparition de Delphine Jubillar.
La première interrogation concerne la Peugeot 207 bleue. L'accusation avance que le véhicule a changé de sens de stationnement entre le 15 et le 16 décembre 2020. Delphine Jubillar avait l'habitude de se garer capot en avant, facilitant ainsi la sortie de sa fille Elyah. Plusieurs témoins, dont un voisin prénommé Guillaume T., affirment l'avoir vue stationner ainsi le 15 décembre à son retour de l'école. Cependant, ce même Guillaume témoigne qu'au matin du 16, la voiture était dans un autre sens. Il se dit « sûr à 100 % » de cette observation, malgré quelques incohérences sur une dispute qu'il a eue avec Cédric Jubillar après la disparition.
Un élément clé reste que les gendarmes présents sur les lieux n'ont pas documenté la scène à l'aube du 16 décembre avec des photos. Lors du procès, certaines gendarmes ont reconnu qu'elles n'avaient pas prêté attention à un véhicule qui aurait pu être là. Cette incohérence dans les témoignages suscite des interrogations quant à la fiabilité des éléments présentés par l'accusation et permet à la défense de tenir sa ligne.
Questions brûlantes sur les chiens
Cédric Jubillar a également été confronté à des questions concernant la sortie des chiens, Gnocchi et Oprah. Ces animaux sont au centre des débats, notamment pour déterminer s’ils ont été sortis par Delphine durant la nuit de sa disparition. L'accusé maintient qu'il avait l'habitude de sortir les chiens le soir. Toutefois, plusieurs témoins de l’accusation s’accordent à dire que cette hypothèse est peu crédible. L'avocat de la partie civile, Me Batikh, a interrogé Jubillar sur la durée d'une promenade qu'il prétend avoir faite avec les chiens, soulevant ainsi la question de son authenticité.
Dans un échange tendu, Jubillar soutient qu'il était au téléphone pendant cette sortie, ce qui semble soulever plus de doutes sur sa version des faits. Ce type de contradictions dans ses déclarations renforce l’idée d'un manque de clarté autour des événements de cette nuit-là.
Des déclarations marquantes de « Mamie Olga »
Un autre témoin clé est Olga S., une voisine âgée de 74 ans, qui apporte un témoignage troublant. Émue, elle décrit comment, après avoir été informée de la disparition de Delphine, elle a vu Cédric Jubillar derrière les parpaings de leur maison, en train de donner des coups de pied et de s'exprimer avec une violence palpable. Elle raconte:
“Je voulais pas ça, je voulais pas ça”
avant de préciser que Jubillar a répondu avec une intensité inquiétante qu’il n’avait besoin de personne. Ce témoignage, jusqu'alors inédit, jette une nouvelle lumière sur la personnalité et le comportement de l'accusé au moment des faits.
Olga a aussi remarqué que la voiture de Delphine était garée de manière inhabituelle le matin du 16 décembre, un fait qui renforce ses soupçons et mérite d'être pris en compte. Le parallèle entre les affirmations des témoins et les déclarations de l'accusé nourrissent un récit potentiellement complexe et troublé.
Alors que les audiences se poursuivent, chaque jour apporte son lot de révélations. La recherche de la vérité sur la disparition de Delphine Jubillar est un chemin semé d’embûches, où les témoignages, même les plus inattendus, semblent jouer un rôle majeur dans le dénouement de cette affaire tragique.