Prolongation du mandat des Casques bleus en Centrafrique : enjeux et perspectives

Ce jeudi 13 novembre 2023, le Conseil de sécurité des Nations unies a pris une décision significative en prolongeant le mandat des Casques bleus en République centrafricaine. Malgré les réticences des États-Unis, qui se sont abstenus lors du vote, la résolution a été adoptée avec 14 voix en faveur. Cette prolongation suspende l'avenir de la mission de maintien de la paix dans un contexte d'incertitude politique et de tensions croissantes.

Le mandat de la mission des Nations unies, connue sous le nom de Minusca, sera ainsi étendu jusqu'au 15 novembre 2026. Ce déploiement a été initié en 2014, suite à une guerre civile dévastatrice qui a éclaté après le coup d'État de 2013 contre le président François Bozizé. Bien que le renouvellement de ce mandat ait été salué par certains, des voix d'inquiétude s'élèvent quant à l’avenir de la mission.

Avec la pression de coupes budgétaires, la résolution a également annoncé une légère réduction du nombre de soldats sur le terrain, passant de 14 400 à 14 046 membres. Cependant, le Conseil de sécurité a souligné sa « ferme intention de réévaluer le nombre de personnel après l’achèvement du processus électoral», prévu entre 2025 et 2026. Ce processus électoral est vu comme un moment crucial pour le pays.

Des élections sous tension

Le contexte électoral s'annonce déjà compliqué : 2,3 millions d'électeurs sont attendus aux urnes le 28 décembre prochain pour un quadruple scrutin (présidentiel, législatif, régional et municipal). Cependant, l'opposition a annoncé son intention de boycotter ces élections, accusant le gouvernement de verrouiller le processus démocratique. Actuellement, le président Faustin-Archange Touadéra est candidat à un troisième mandat.

Comme l’a indiqué Jérôme Bonnafont, ambassadeur français en charge de ce dossier au Conseil de sécurité : « L'enjeu est bien d'assurer le retour durable de la paix et la sécurité dans le pays. C’est la condition pour permettre par la suite un transfert progressif, ordonné, et réussi des responsabilités du maintien de la paix aux autorités nationales ».

De son côté, l'ambassadeur centrafricain, Marius Aristide Hoja Nzessioué, a exprimé sa satisfaction quant au renouvellement du mandat, soulignant que le gouvernement s'emploie à préparer un « retrait responsable, ordonné et fondé sur les réalités du terrain ». Pour lui, cela nécessite surtout « la sécurisation complète du territoire » afin d'éviter une transition précipitée qui pourrait compromettre les avancées difficiles obtenues.

Quelles perspectives après 2026 ?

Les discussions ouvertes par le Conseil de sécurité laissent entendre qu’une réduction significative des effectifs pourrait se dessiner dans les années à venir, surtout si des résultats tangibles en matière de paix et de sécurité sont observés en amont des élections. Au cours des négociations, les États-Unis avaient plaidé pour un renouvellement de mission de six mois, et non d'un an, afin de privilégier un ajustement opportun du mandat. « Nous sommes d'accord sur le fait que la République centrafricaine est à un moment crucial à l’approche des élections », a déclaré Mike Waltz, ambassadeur américain.

Ainsi, les mois à venir seront décisifs pour la République centrafricaine. L'issue des élections et le rétablissement d'un climat de sécurité durable sont primordiaux pour envisager un retrait effectif des troupes et le retour à la souveraineté des autorités locales.