Home ActusNews Cercueils en lien avec l'Ukraine : quatre Moldaves jugés à Paris en février

Cercueils en lien avec l'Ukraine : quatre Moldaves jugés à Paris en février

by Matthieu Dourtou
Procès à Paris : quatre Moldaves liés au conflit ukrainien jugés en février

Quatre hommes, originaires de Moldavie, seront jugés le 23 février 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir réalisé, en juin 2024, des tags représentant des cercueils. Ces inscriptions, exhibant des messages en lien avec le conflit ukrainien, sont considérées comme une démarche visant à « démoraliser l’armée française ».

EN BREF

  • Quatre Moldaves jugés pour des tags pro-ukrainien à Paris.
  • Des actions perçues comme une menace pour l'armée française.
  • Les accusés encourent jusqu'à cinq ans de prison.

Ce dossier s’inscrit dans une série d’affaires relatives à des ingérences étrangères, avec pour objectif de « semer le trouble » et « créer des fractures » dans la société française, comme l'a précisé la procureure de Paris, Laure Beccuau, le 12 septembre. Parmi ces affaires, on trouve également des tags de symboles antisémites en région parisienne, ainsi que des peintures sur le mémorial de la Shoah et des actes de vandalisme devant des mosquées.

Les quatre accusés, âgés de 30, 36, 44 et 50 ans, sont soupçonnés d’avoir agi entre le 18 et le 20 juin 2024. Deux d’entre eux sont actuellement sous mandat d’arrêt. Ils devront répondre de dégradation légère d’un bien par inscription commise en réunion, ainsi que pour avoir participé à une entreprise de démoralisation de l’armée, un délit passible de cinq ans de prison et d’une amende de 75 000 euros.

Des interventions nocturnes caractéristiques

Dans la nuit du 20 juin 2024, à 1h30, des policiers ont pris en flagrant délit un individu en train de taguer un mur avec une bombe de peinture rouge, représentant un cercueil vide avec l'inscription « Stop the death now ! Mriya Ukraine ». Un autre homme faisait le guet, preuve d’une organisation coordonnée.

Des tags au pochoir illustrant un cercueil avec des ailes d’avion, accompagnés de la mention « Des Mirage pour l’Ukraine », ont été retrouvés sur divers bâtiments parisiens, laissant supposer une campagne intentionnelle pour faire passer un message politique.

Les deux Moldaves impliqués ont déclaré recevoir 100 euros par jour pour ces actions. L’enquête a révélé la présence à Paris d'un troisième homme, le chef opérationnel qui les avait recrutés et orientés sur les lieux de tag. Il s’agit d’Alexandr Grigorenco, identifié comme l’instigateur et fervent sympathisant d'un parti politique prorusse.

Par ailleurs, le ministre moldave des Affaires étrangères, Mihai Popsoi, a exprimé son indignation face à l'utilisation de citoyens moldaves dans des actes de vandalisme visant à inciter à la haine en France.

Une menace perçue pour l’armée française

Ces actions de tagging se déroulent dans un contexte de conflit majeur, résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, que la France soutient activement, notamment par la fourniture d’armements tels que les Mirage-2000. Le magistrat instructeur considère ces tags comme une menace explicite, ayant pour but d'influer négativement sur le moral des troupes françaises.

Les avocats des deux Moldaves appréhendent la qualification de « démoralisation de l’armée » : « C'est une infraction qui pourrait restreindre la liberté d'expression et pourrait avoir des implications néfastes pour les journalistes abordant des sujets de défense », ont-ils souligné. Ce délit a été jugé obsolète depuis la guerre d'Algérie, mais le Conseil constitutionnel a récemment estimé qu'il respectait la constitutionnalité.

Finalement, les deux hommes appréhendés ont été relâchés en octobre 2024 sous contrôle judiciaire. Le chef de cette opération ainsi que le donneur d’ordres sont quant à eux sous le coup de mandats d’arrêt depuis le printemps 2025.

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